Droits de l'hommePékin s'autofélicite de ses progrès «prodigieux»
Dans un rapport publié lundi, la Chine s'est autocongratulée des progrès qu'elle a faits en matière de droits de l'homme. Un exercice de communication, selon les ONG.

La Chine est largement critiquée en matière de droits de l'homme depuis l'arrivée du président Xi Jinping.
Les autorités chinoises se sont autofélicitées dans un rapport rendu public ce lundi 8 juin de leurs «prodigieuses réalisations» en matière de droits de l'homme, notamment sur le système judiciaire et la liberté d'expression. Ces domaines valent à Pékin de régulières critiques.
«Les prodigieuses réalisations de la Chine (...) sur les droits de l'homme démontrent pleinement qu'elle a pris la voie correcte du développement des droits de l'homme qui convient à ses conditions nationales», assure un «livre blanc» commandité par le gouvernement. Ce rapport est le 12e de ce type. Le précédent était sorti en 2013.
Cet exercice de communication est destiné à contrer les rapports d'ONG étrangères et celui, annuel, du Département d'Etat américain. Les ONG sont généralement très sévères à l'égard de la situation des droits de l'homme en Chine depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en 2012.
Pour William Nee, chercheur travaillant à Hong Kong pour Amnesty International, il faut donner crédit à Pékin d'accorder «une certaine importance rhétorique» à la question.
Rapport par les ONG
«Néanmoins, dans certains domaines, particulièrement ceux concernant la liberté d'expression, la société civile et la protection des droits des minorités, le livre blanc semble avoir été écrit dans un autre monde», a-t-il déclaré.
Le Parti communiste chinois (PCC) défend traditionnellement une approche «collective» des droits de l'homme opposée à celle, jugée «individualiste», des pays occidentaux, où prime le respect de l'individu.
Mais les ONG multiplient, elles, les rapports dénonçant l'emprisonnement ces deux dernières années de journalistes, avocats et universitaires, l'aggravation de la censure ou le recours à la torture pour arracher des aveux.
Millions de dénonciations
Dans ce domaine, le rapport officiel assure que les tribunaux ont rejeté les aveux obtenus «illégalement» de 406 personnes. Introduit l'an dernier, le recours à la vidéo pendant les interrogatoires, pratique sujette à manipulation selon les critiques, est également cité.
La campagne anticorruption du président Xi est mentionnée avec quelque 12 000 personnes remises à la justice pour 226 000 cas de corruption, à la suite de 2,72 millions de dénonciations.
La liberté d'expression n'est abordée que sous l'angle du nombre des publications et des statistiques sur l'usage d'Internet et des réseaux sociaux, sans aucune allusion à l'énorme appareil de censure.
Plusieurs régions évoquées
Le rapport s'attarde sur le Tibet et le Xinjiang, «régions autonomes» chinoises sous tension. Le Tibet est interdit d'accès à la presse étrangère.
«La qualité de la vie au Tibet et au Xinjiang continue de s'améliorer», souligne-t-il.
William Nee évoque encore de son côté «les restrictions accrues à la liberté de mouvement» des Ouïghours, la minorité musulmane du Xinjiang, en proie à une recrudescence de violences, et des Tibétains, qui rencontrent les pires difficultés pour «obtenir un passeport et voyager à l'étranger».