France: Pernod Ricard accusé de pousser ses employés à picoler

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FrancePernod Ricard accusé de pousser ses employés à picoler

Trois vendeurs de l'entreprise célèbre pour son pastis dénoncent une «pression permanente» pour boire au travail.

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«On picolait tellement, j'en étais à douze pastis par jour», témoigne un ancien employé de Pernod Ricard dans «Le Parisien».

«On picolait tellement, j'en étais à douze pastis par jour», témoigne un ancien employé de Pernod Ricard dans «Le Parisien».

Keystone

Des employés de Pernod Ricard sont-ils poussés à boire jusqu'à devenir malades et alcooliques? Absolument, dénoncent trois employés de l'entreprise dans les colonnes du «Parisien». Mensonger, rétorque la société.

Où est la vérité? Le quotidien français publie en tout cas ce lundi trois témoignages saisissants. Dont celui d'Amélie, une commerciale toujours en poste. Elle évoque des «rituels»: un pastis servi par des collègues à midi. Un autre en fin de journée. Idem avec les clients rencontrés. «C'est la culture de l'entreprise, si on dit non, on est mal vu», note-t-elle.

«Dans trois ans, vous êtes morte»

Elle est devenue alcoolique. «Un verre, deux, une bouteille, jusqu'à ce jour où elle se casse la figure dans l'école de son enfant», écrit «Le Parisien». C'est l'électrochoc. «Si vous continuez comme ça, dans trois ans, vous êtes morte», lui dit son médecin.

Elle effectue une cure de désintoxication. Puis revient à son poste. «Tu prends un Ricard? Allez fait pas chier, t'es pas chez Perrier ici!», lui aurait alors lancé son supérieur… Amélie est aujourd'hui en arrêt maladie et s'apprête à saisir les prud'hommes.

«Douze pastis par jour»

Les deux autres témoignages, de deux commerciaux qui ont respectivement passé seize et vingt ans chez Pernod Ricard, sont du même acabit. Le premier évoque «les pastis, avalés par dizaines en feria». Il tenait, dit-il, en avalant des boissons énergétiques et de la caféine.

«On picolait tellement, j'en étais à douze pastis par jour», affirme le dernier. Qui avance que jamais sa hiérarchie ne l'a freiné. «Au contraire, si je refusais un verre, mon chef me disait: t'aimes pas les produits que tu vends?»

«Aucune directive ni incitation»

«Tous nos collaborateurs, j'en suis certain, pourraient vous apporter des témoignages radicalement différents. On n'a rien à cacher. Je vous réaffirme que pour l'ensemble du groupe, 19 000 personnes à travers le monde, on applique une tolérance zéro. Il n'y a pas de culture de l'alcool, ni aucune directive, ni incitation, sous aucune forme, à consommer», dément dans le quotidien Emmanuel Vouin, responsable presse du groupe Pernod Ricard.

Directeur de la communication de la société Ricard, Bruno Goimier ajoute que «tous les collaborateurs ont signé une charte de comportement responsable. Il est écrit, «au quotidien, ne pas se créer d'obligation de consommation de boisson alcoolisée».

Qui dit vrai? Existe-t-il vraiment une «pression permanente» qui pousse à boire chez Pernod Ricard? Un premier élément de réponse tombera probablement dans quelques jours. Car le second témoin a affronté, en septembre, son ancien employeur devant les prud'hommes. La décision sera rendue à la fin du mois de novembre, explique «Le Parisien».

R.M.

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