Deux nageurs handicapés qui s'envoient des vannes du style: «Si on créait une émission culinaire, on l'appellerait «L'handi au jambon», ça fait sourire… ou pas! Malgré une thématique sensible, «Vestiaires», shortcom qui aborde en deux minutes le sport handicap avec impertinence, a séduit 1,5 million de fans en moyenne lors de la 2e saison diffusée l'an dernier sur France 2.

Persuadés de dédramatiser un sujet tabou, les auteurs, Adda Abdelli et Fabrice Chanut, membres d'un club de natation handisport marseillais, revendiquent la liberté de ton qu'ils insufflent dans la 3e saison à découvrir dès lundi. Blogueuse paraplégique, Céline Extenso, est, elle, choquée. Rejointe par d'autres internautes, elle trouve ces gags «déplacés et douteux»

«C'est bien de dédramatiser la notion de différence physique» Gérald Métroz, Journaliste, consultant sportif amputé des jambes à l'âge de 2 ans

TTM: Est-ce approprié de plaisanter avec le handicap?

GM: Oui, je dirais même qu'il s'agit d'un mal nécessaire. Lorsqu'on rit du handicap de quelqu'un, on a déjà fait un pas vers lui. C'est bien de dédramatiser la notion de différence physique. Et puis, on ne se moque pas de l'individu, mais de sa spécificité. Quand mes copains me lancent: «Tu as de la chance: à la patinoire, tu ne risques pas d'avoir froid aux pieds», je me marre.

TTM: Les gags vachards de «Vestiaires» vous amusent?

GM: Oui. J'ai enregistré toute la série et je vous garantis qu'elle est très proche de la réalité. Les sportifs handicapés n'arrêtent pas de se vanner. Traiter les invalides en intouchables ne sert pas notre cause.

«Il est toujours facile de rire quand on n'est pas concerné» Marina Le Bec, Membre de l'association Fair-Play pour le sport handicap

TTM: Pourquoi faudrait-il éviter de rire des invalides?

MLB: Parce qu'ils n'ont pas choisi leur état et que ce n'est pas la peine d'en rajouter. Il est toujours facile d'en rire quand on n'est pas concerné. Aujourd'hui, on ne se permet plus de faire des blagues sur les personnes de couleurs, car tout ce qui a trait à la différence reste très délicat. Il faut prendre des pincettes, ne pas oublier que l'on a affaire à des êtres humains avant tout.

TTM: Qu'est-ce qui vous dérange dans la série?

MLB: Lorsqu'ils disent qu'«un handicapé n'est rien d'autre qu'un valide qui a mal tourné», je trouve cela vraiment pathétique. A vrai dire, c'est plus bête que choquant, mais ce n'est en tout cas pas drôle.