EditorialPierre Maudet: un bras de fer diabolique et sans issue
L'année dernière, c'est en partant que Yannick Buttet avait pu sauver encore une partie de lui-même de l'autodestruction publique.
- par
- Eric Felley

Dans son combat pour conserver son poste au Gouvernement genevois, Pierre Maudet est de plus en plus seul. Coupé de sa famille politique, combien de temps pourra-t-il tenir sans s'effondrer ?
Ce qui se passe actuellement avec Pierre Maudet provoque un malaise d'une intensité rare dans le monde politique suisse. Mais à Berne, il n'est pas le seul à baisser la tête. Il suffit de voir au Parlement les autres Genevois mis en cause pour leurs frais de conseiller administratif de la Ville. Ils n'en mènent pas large. Géraldine Savary, elle, a annoncé son retrait de la politique pour pas grand-chose. Tout le monde lui dit qu'elle n'aurait pas dû partir pour si peu. Au moins, les médias la laissent en paix et elle passera un Noël plus tranquille.
Mais Pierre Maudet résiste comme un seul homme face à son parti, face aux éditoriaux, face aux citoyens pétitionnaires, face aux questions de Darius Rochebin. Il explique qu'il y a d'autres dossiers importants à traiter. Mardi soir à la télévision, il a admis qu'il «s'était d'abord menti à lui-même». Faute avouée est à moitié pardonnée. Mais l'autre moitié? Sa situation est de plus en plus précaire. Cela se voit sur son visage, cette façon de se pincer les lèvres. Sa rhétorique d'habitude si fluide, si claire, devient celle d'un funambule qui risque de tomber à chaque pas.
L'année dernière, c'est en partant que Yannick Buttet a pu sauver encore une partie de lui-même de l'autodestruction publique. Géraldine Savary a aussi jeté l'éponge avant d'être totalement broyée par la mécanique cruelle qui veut d'abord la mort du pêcheur avant sa rédemption. En Suisse, devant une telle levée de boucliers, n'importe qui se serait écrasé, comme on s'écrase à l'école, à l'armée, dans la vie professionnelle ou finalement en politique face à la loi du groupe. L'erreur est humaine, mais «perseverare diabolicum» même pour «M. le Maudet»... Quand le piège s'est refermé, il n'y a plus d'issue.
A moins de continuer à se mentir à soi-même.