Jeu vidéoPlayStation ou Xbox, et maintenant on fait quoi?
Microsoft et Sony ayant enfin dévoilé leurs batteries, quelles sont les forces et les faiblesses de deux machines qui feront de l’œil aux gamers à Noël?
- par
- Jean-Charles Canet
Les dés sont jetés. Microsoft et Sony ayant dévoilé leurs batteries à une semaine d’intervalle, on sait désormais quand sortiront la nouvelle Xbox et la nouvelle PlayStation: ce sera pour novembre (détails ici) et il en coûtera au gamer enthousiaste quelque 500 francs pour bénéficier des dernières technologies et faire briller les jeux que les grands studios préparent. Le temps est donc venu de récapituler quelques faits, de spéculer la moindre et aussi de mettre en lumière ce que les promoteurs de ces nouvelles machines souhaiteraient voir maintenu dans l’ombre. C’est parti.
Quelle sera la console la plus populaire à Noël?
Il n’est pas nécessaire d’être devin pour affirmer que la PS5 sera celle que voudront les gamers en priorité. Les divers coups de sonde effectués de part et d’autre de l’Atlantique accordent une écrasante victoire pour la console de Sony Interactive Entertainment dans les intentions d’achat. La firme japonaise bénéficie de la force de sa marque et de la redoutable efficacité de son marketing (et aussi de son expertise dans l’art de cacher la merde au chat, nous y reviendrons). La division jeu vidéo de Microsoft, quant à elle, a payé très cher le lancement désastreux de la Xbox One en 2013 et le paie encore. Elle est toujours en phase de reconquête à coups d’investissements massifs. Mais il est peu probable que le géant américain parvienne à retourner la situation en sa faveur dans un avenir proche.
Faut-il s’attendre à une pénurie?
Clairement oui. En particulier pour la PS5, vu sa popularité mais aussi compte tenu des circonstances particulières de lancement d’un produit hautement technologique en période de pandémie. Il faut aussi accorder quelques crédits au magazine économique Bloomberg qui a fait dernièrement état des difficultés de Sony qui, confronté à des soucis de fiabilité dans les chaînes de montage, ne serait pas parvenu à monter en cadence pour répondre à la demande. Sony à pour sa part mollement démenti en affirmant que les objectifs de productions initiaux (pas ceux augmentés, donc) sont tenus. Tout laisse à penser que, le 19 novembre, il y aura beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Côté Microsoft, peu de choses ont filtré sur l’état de la production des Xbox Series (X et S). Le mystère reste entier dans leur cas, mais le fleuve semble plus tranquille.
Et côté jeux, qui est le mieux loti?
Là encore au lancement, les augures semblent favorables à la PlayStation 5 qui a au moins un titre PlayStation porteur paré pour le jour «J». Il s’agit de «Spider-Man: Miles Morales», une variation autour du blockbuster «Spider-Man» sorti en 2018. Microsoft comptait pour sa part grandement sur «Halo Infinite» pour propulser sa franchise phare en tant qu’arbre qui cache une forêt de titres faits maison à venir ultérieurement, mais a dû repousser sa sortie. La superproduction n’est tout simplement pas prête: comme l’a démontré une présentation décevante, elle ne répond pas encore aux standards de qualité attendus. Mais le rapport de force n’est pas aussi tranché que cela, les deux consoles bénéficieront de l’important apport d’éditeurs tiers qui sortent dès cette rentrée de très gros jeux triple A (grosses productions) «crossgen», autrement dit prévus aussi bien sur PS4 et Xbox One que sur PS5 et Xbox Series (X et S). On pense en particulier à «Cyberpunk 2077», incontestablement le jeu le plus ambitieux et prometteur de cette rentrée.
Revers de la médaille, les jeux au lancement des deux consoles étant quasi tous «crossgen», il restent tirés techniquement vers le bas. Sony vient ainsi de concéder dans son blog nord-américain que son «Spider-Man: Miles Morales», que l’on supputait être une exclusivité PS5, tourne aussi sur PS4. Autrement dit, ce jeu, comme bien d’autres, ne pourra pas exploiter à 100% le potentiel de la nouvelle console de Sony. Autrement dit encore, pour découvrir ce que les consoles nouvelles générations ont vraiment dans le ventre, il faudra se munir d’une patience qui, sauf surprises, devrait d’abord être récompensée sur PS5 (probablement avec «Ratchet & Clank: Rift Apart» encore non daté) et ensuite sur Xbox One Series X.
Alors comment les consoles nouvelles générations brilleront-elles en 2020?
Avec la promesse que ces jeux dits «crossgen» seront tout de même un tantinet plus spectaculaires. Graphismes, définitions, fréquences améliorées, présence du «Ray Tracing», une technologie de gestion de la lumière et des reflets, apanage jusqu’ici des PC très haut de gamme, et temps de chargement singulièrement plus rapide sont les principaux atouts des nouveaux hardwares de salon. Encore faut-il que les studios aient pris la peine de retravailler leur jeu d’abord conçus, dans cette première étape, pour la génération actuelle. Certains seront ainsi plus ébouriffants à l’oeil et à l’oreille, mais pas tous.
Sony peut d’une part compter sur la puissance de sa marque et de l’expertises de ses nombreux studios maison alors que Microsoft pourrait d’autre part tirer les premiers fruits d’une stratégie habile qui minimise la vente de jeux à l’unité au prix fort (voire augmenté dès cette année) au profit d’un modèle à la Netflix basé sur un abonnement mensuel modéré qui ouvre un catalogue fourni de jeux praticables à gogo dont les nouveautés ne sont pas exclues. Plutôt que de faire la course contre Sony (avec le retard accumulé, on comprend), Microsoft est en train de monter un écosystème qui fédéralise le jeu sur console, sur PC et sur smartphone (via le cloud) et qui pourrait se révéler à terme redoutablement attractif.
Et la rétrocompatibilité dans tout ça?
Avantage à la maison Microsoft sur ce terrain qui a développé un ambitieux programme de rétrocompatibilité gratuite avec les générations Xbox, Xbox 360 et Xbox One. Le système qui permet aux possesseurs d’un jeu (sous sa forme physique ou dématérialisée) de le faire tourner sans manipulations complexes sur les machines de générations supérieures est conservé sur les prochaines Xbox Series. Avec des restrictions notables pour les nouveaux modèles dépourvus de lecteur de disque: seules les jeux achetés dématérialisés pourront être installés sur la Xbox Series S et la PS5 Digital Edition. Au départ plus frileux (ou, disons, soucieux de trouver un système qui pousse les propriétaires à racheter leur jeu une seconde fois), Sony a rejoint le train pro consommateur avec une PS5 qui saura faire tourner «99%» des jeux PS4 sans autre forme de procès. Mais toute idée de rétrocompatibilité pour les jeux de génération PS, PS2 et PS3 a été abandonnée.
Et Nintendo?
Mario poursuit son petit bonhomme de chemin à l’écart des voies encombrées par les poids lourds du jeu vidéo. La Switch, console à la fois portable et de salon, connaît un phénoménal succès. En 2020, le nouveau jeu «Animal Crossing New Horizons» s’est vendu contre toute attente mieux que des petits pains. La Switch déroule le tapis rouge au plombier pour son 35e anniversaire avec quelques solides et rémunératrices rééditions, les éditeurs tiers hésitent moins pour leur part à transférer leurs productions sur une machine moins puissante et Nintendo a demandé à ses partenaires de penser à produire leurs prochains jeux avec la 4K en tête. Si cela n’est pas la perspective pour 2021 d’une Switch nextgen, on veut bien que le grand cric nous croque.
Et si on devait choisir?
- Parce que mes poches sont quasi vides: la Xbox Series S, car 300 francs, c’est imbattable. La PS5 Digital Edition à 400 francs en fouillant bien. Sinon, aucune des deux.
- Parce que mon budget est confortable: la Xbox Series X et la PS5 avec lecteur de disque, fromage et dessert.
- Parce que mes ami(e)s sont en majorité sur PS: la PS5 bien évidemment.
- Parce que mes ami(e)s sont en majorité sur Xbox: la Xbox Series (X ou S) bien évidemment
- Parce que je veux des jeux exclusifs à forte composante narrative: la PS5, du moins le temps que les productions Microsoft Game Studios sortent du bois. Après, il faut voir.
- Parce que «Halo» ou «Fable», c’est ma vie: Xbox Series
- Parce que «God of War» ou «Gran Turismo», c’est ma vie: PS5
- Parce que je veux jouer comme je regarde des séries sur Netflix: Xbox Series X ou S.
- Parce qu’avec le même compte je veux pouvoir passer de ma console à mon smartphone ou à mon PC Windows et réciproquement: Xbox Series X (ou plutôt forfait Game Pass Ultimate).
- Parce que je n’utilise plus les supports physiques: PS5 Digital Edition ou Xbox Series S.
- Parce que je crois Phil Spencer, le patron de la division gaming de Microsoft, quand il évoque la console la plus puissante de cette nouvelle génération: Xbox Series X.
- Parce que je crois Mark Cerny quand il affirme que la console dont il est l’architecte est la plus futée: PS5
- Parce que je veux la console avec le disque dur SSD le plus véloce: PlayStation 5.
- Parce que je veux la plus belle pour aller danser: c’est vous qui savez.
- Parce que PC «master race» et clavier souris «my love»: un PC Windows avec une carte graphique nouvelle génération ou rien.
- Parce que…: à suivre