Actualisé

AfghanistanPlus de 100 morts au second tour de la présidentielle

Bravant les menaces des talibans, des millions d'Afghans ont voté samedi au second tour de la présidentielle pour désigner le successeur d'Hamid Karzaï. Des violences ont fait 106 tués.

Les talibans ont appelé leurs combattants à «frapper sans répit».

Les talibans ont appelé leurs combattants à «frapper sans répit».

AFP

L'organisation même de la présidentielle constitue un succès majeur pour l'Afghanistan, malgré des violences qui ont fait 106 tués lors du deuxième tour

Cette élection, toute première passation de pouvoir entre deux présidents afghans démocratiquement élus, était considérée comme un test pour ce pays pauvre et en partie contrôlé par les talibans, et qui plongera dans l'inconnu après le retrait de l'OTAN, d'ici la fin de l'année.

Les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 16 heures (13h30 en Suisse). Le dépouillement a débuté immédiatement, mais les résultats ne sont pas attendus avant le 2 juillet. La participation s'établit aux alentours de 60 %, comme au premier tour, selon le président de la commission électorale, Ahmad Yousuf Nuristani.

Le second tour n'a toutefois pas été épargné par les violences. Au moins 106 personnes, dont 60 insurgés talibans, ont été tuées, a annoncé le ministre de l'Intérieur Omar Daudzai.

«Onze policiers, quinze soldats et vingt civils ont été tués, de même que soixante insurgés», a aussi déclaré le ministre, précisant qu'un employé de la Commission électorale indépendante (IEC) faisait partie des tués.

Corruption et économie

«Il y a eu des victimes dans nos rangs, mais l'ennemi n'a pas réussi» à faire dérailler le processus électoral, a-t-il ajouté.

«Le succès d'aujourd'hui envoie à nos ennemis et à nos amis le message que la transition démocratique peut être menée dans les temps, et que nos forces sont capables d'assurer la sécurité du pays», avait auparavant affirmé Omar Daudzai, sur la chaîne afghane ToloNews.

Les Afghans étaient appelés à trancher entre le favori Abdullah Abdullah, 53 ans, arrivé largement en tête du premier tour (45 %), et Ashraf Ghani, 65 ans, un ex-cadre de la Banque mondiale (31,6 %).

Progressistes, modérés, les deux hommes, qui ont voté dans la matinée à Kaboul, se sont engagés à lutter contre la corruption endémique et pour le développement économique de ce pays dépendant de l'aide internationale.

Centaines de milliers de soldats et policiers

Sourds aux menaces des talibans, les électeurs se sont mobilisés tout au long de la journée aux quatre coins du pays.

Un important dispositif de sécurité avait été mis en place dans les rues de la capitale, quadrillées par des forces afghanes résolues à déjouer toute tentative d'attaque. Au total, quelque 400'000 soldats et policiers ont été déployés dans tout le pays.

Ce scrutin marquera la fin de l'ère Karzaï, seul homme à avoir dirigé l'Afghanistan depuis la fin du régime taliban. La Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat.

«Venez voter, venez tous voter!», a lancé le président sortant en votant tôt samedi. «En participant à l'élection, vous permettrez à l'Afghanistan d'aller vers plus de stabilité», a-t-il ajouté.

Quelque 10'000 soldats attendus

Avec plus de 13 points d'avance sur son rival, la victoire semble à portée de main pour Abdullah Abdullah, qui s'était retiré avec fracas du second tour de la précédente présidentielle en 2009, en dénonçant des fraudes massives.

«Nous ne pouvons accepter ne serait-ce qu'un seul bulletin de vote frauduleux en notre faveur. Et nous espérons que les autres diront la même chose», a dit Abdullah Abdullah, en écho à son adversaire qui a demandé à «chacun de lutter contre les irrégularités».

D'éventuelles fraudes pourraient avoir un effet dévastateur en cas d'écart faible entre les deux candidats.

Au plus fort de la présence militaire américaine, en 2011, le dispositif était de 100 000 hommes. Le prochain président prendra ses fonctions le 2 août, avec une question urgente à régler: la signature d'un traité bilatéral de sécurité avec Washington, qui permettrait le maintien d'un contingent américain d'environ 10 000 hommes après le départ des 50'000 soldats de l'OTAN, fin 2014.

(AFP)

Ton opinion