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Témoignage«Plus jamais on ne me frappera»

Victime de violences domestiques, Claudine raconte cette nuit de calvaire où elle a failli y rester. Le 25 novembre aura lieu la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

par
Anne-Florence Pasquier
Depuis cette terrible nuit, elle retrouve du réconfort auprès de sa chienne, «Bianca».

Depuis cette terrible nuit, elle retrouve du réconfort auprès de sa chienne, «Bianca».

Yvain Genevay

Son visage est marqué. Les bleus et les éraflures ont disparu depuis, mais la souffrance morale est toujours là. Claudine a été victime de violences conjugales. Elle s'est tue, plusieurs fois, par honte, mais aussi parce que l'angoisse viscérale de vexer son conjoint tant aimé l'accompagnait chaque jour. Aujourd'hui, elle a décidé d'en parler, «pour toutes les autres femmes parce qu'il ne faut pas accepter cela», déclare-t-elle d'une voix fragile. Des violences que la communauté internationale dénoncera, lundi prochain – comme les 25 novembre de chaque année – lors de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. En Suisse, on compte 20 homicides par an, causés par la violence domestique. Deux tiers des victimes sont des femmes.

Claudine a échappé à ce sort parce qu'elle a «trouvé la force de porter plainte, malgré les intimidations». C'est grâce à son médecin traitant, mais aussi aux clients de sa fiduciaire, qu'elle n'a pu nier l'évidence: «On lit des articles, on connaît le problème, on sait que ça arrive aux autres, mais on ne veut pas voir. Mon médecin traitant avait une première fois constaté les marques sur mon corps et me suggérait: «Ne vous laissez pas faire», explique-t-elle. Un premier déclic: le soir du 1er juin 2012, où tout a basculé.

Les coups de trop

«Nous avions soupé sur la terrasse. Nous avions bu, le dîner était arrosé. Une dispute a éclaté, comme il y en a eu tant d'autres. Je me souviens que j'allais rentrer dans l'appartement, puis le trou noir. Quand je suis revenue à moi, j'étais dans mon lit, il me tapait, me frappait au visage, le torse, puis le bas du ventre. Je criais, «Arrête, tu me fais mal», c'est là qu'il a pris un coussin, en me disant: «Tais-toi, tu te tai-ras à jamais», raconte-t-elle effondrée, en larmes et tremblante au souvenir de cette effroyable scène. «Par un instinct de survie, j'ai réussi à le repousser en le griffant et le mordant. Une fois qu'il m'a redonné mon téléphone, j'ai appelé la police. Lui aussi l'a appelée», ajoute-t-elle avant un long silence. Une soirée qui l'emmènera tout droit, en sang, à l'hôpital.

La suite est un long chapitre judiciaire qui se terminera jeudi prochain devant le Tribunal cantonal de Neuchâtel. «Mon client a conscience que certains faits sont inadmissibles, il a d'ailleurs reconnu les faits déterminants», souligne Christian Zumsteg, avocat du conjoint. Des excuses et des larmes auxquelles a eu droit Claudine, mais qui ne suffiront pas à faire disparaître la vision d'horreur. Petit à petit, elle essaie de retrouver confiance, de se dire: «Plus jamais ça, plus jamais on ne me frappera.»

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