Pour garer sa vieille Nissan dans la zone «A» de Düren, près de Cologne, Günther Küpper dispose d'une carte de stationnement résidentielle. «Je paie 40 francs par an, mais je ne trouve jamais de place!» peste-t-il. Le retraité a fait ses petits calculs: 2,8 voitures pour une place de stationnement. «La mairie délivre trop de cartes. C'est de l'arnaque pure», s'insurge-t-il.

Ce retraité de 67 ans a donc décidé de se garer n'importe comment et de ne pas payer ses amendes. «On ne peut pas traiter les gens de cette manière», proteste-t-il. «Avec une pension de 700 francs par mois, je n'ai pas le choix. Je ne peux pas payer», ajoute-t-il.

Depuis des années, la justice le condamne régulièrement à effectuer des séjours en prison. Et Günther Küpper se réjouit! «La prison est rutilante. Les sanitaires sont superbes. Au petit-déjeuner, il y a sept sortes de petits pains. Le personnel est exemplaire! On me donne même de l'argent pour rentrer chez moi», se félicite-t-il.

Normalement, on est plutôt inquiet de voir des policiers devant sa porte. Günther Küpper, lui, adore cela: «C'est royal!» «Les policiers me téléphonent à l'avance. Nous prenons rendez-vous. Ils sont toujours ponctuels. Moi aussi. Ils me conduisent personnellement au centre», raconte-t-il.

Günther Küpper, qui a déjà fait sept séjours en prison, est ravi de pouvoir partager sa cellule. «La dernière fois, il y avait un dealer et un gars condamné pour banqueroute frauduleuse. Très gentils», raconte-t-il.

Pour le contribuable, en revanche, la facture est lourde. Un séjour en prison de Günther Küpper coûte environ 130 francs par jour sans compter les frais de justice (60 francs par dossier). Selon les directeurs de prison, le nombre de «contraintes judiciaires» a explosé. «Avant, ce genre de peine était une exception», explique le directeur du centre de Castrop-Rauxel.

Pour éviter ce «tourisme pénitencier», les politiques veulent réformer la loi. «La prison a du sens si elle dissuade les gens de récidiver», estime Thomas Kutschaty, le ministre de la Justice de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il propose donc de laisser aux juges le choix, au cas par cas, de l'application des peines (retrait de permis, travaux d'utilité publique, etc.). Pour Günther Küpper, ce serait une catastrophe! Le juge pourrait trouver une peine plus dissuasive, comme le retrait du permis.