Immigration de massePour Libération, il y a un «virus suisse»
Le quotidien français consacre ses 2 premières pages au scrutin de dimanche. D'autres journaux étrangers ont fait de même. Tour d'horizon de la presse des pays voisins.
«La majorité helvétique qui s'est exprimée dimanche illustre le risque de contagion du discours glauque mêlant le sentiment anti-européen, le rejet des étrangers et le refus d'un supposé système politique». Telle est l'analyse que fait ce mardi 11 février le quotidien français Libération dans son éditorial.
L'initiative «Contre l'immigration de masse» n'a pas laissé indifférents d'autres médias de pays voisins. Plusieurs sites ont placé le sujet en tête de page, suite à son acceptation par le peuple. Les commentaires de lecteurs et les tweets ont plu.
«C'est un petit oui suisse qui a des conséquences sur toute l'Europe». C'est par cette phrase que le Journal Le Monde consacre en France dans son édition du 10 février un long article ainsi qu'un édito sur le sujet. Le quotidien estime qu'il s'agit «d'un vote de crispation identitaire, suscité par une formation populiste qui manie sans scrupule la tactique du bouc émissaire». Mais il traduit une réalité à laquelle n'échappe aucun pays occidental: «à tort ou a raison, une bonne partie de l'opinion est gagnée par la perception d'une immigration incontrôlée qui met a mal les populations les plus fragiles de nos sociétés. Il ne faut pas laisser la réflexion sur ce sujet aux seuls démagogues des partis protestataires.»
Le Figaroplace le thème en Une. Se basant sur la dépêche de l'AFP, le quotidien de droite rappelle que le texte de l'UDC était dénoncé par les «milieux d'affaires et les entreprises avides d'attirer une main-d'oeuvre hautement qualifiée».
«Immigration: les Suisses défient l'Europe», titre pour sa part Libération en première page. Selon le journal de gauche, la Confédération risque de tendre ses relations avec l'Union européenne (UE).
«Lourdes conséquences»
Ce résultat aura de «lourdes conséquences sur les rapports avec l'UE», renchérit Le Point. Mais «les conséquences pratiques de ce résultat demeurent encore floues», tempère le magazine.
La décision du souverain suisse comporte un aspect explosif pour Bruxelles et certains pays membres de l'Union européenne (UE), estime la Süddeutsche Zeitung. Et la Confédération se doit de réajuster ses rapports avec l'UE, complète Die Welt, pour laquelle l'UDC doit à présent s'engager pour éviter la fin du miracle économique helvétique.
En Autriche, le Wiener Standard constate que les soucis des Suisses découlant de la sous-enchère salariale, des trains bondés ou des loyers élevés ont été les plus forts. Ils ont surpassé la crainte de fâcher l'UE et de mettre ainsi en danger le succès économique.
Le Tessin inquiète les Italiens
En Italie, le journal libéral Corriere della Sera remarque avec inquiétude que le Tessin s'est montré le plus convaincu des cantons suisses, avec un score de 68% de oui. Les 60'000 travailleurs frontaliers italiens sont particulièrement concernés par le résultat du scrutin.
La Stamparelève que ce sont la Suisse alémanique et le Tessin qui ont fait passer le oui, tandis que la Suisse romande a majoritairement voté non. Elle cite ensuite le président de la région de Lombardie, qui enjoint à la Suisse à traiter les travailleurs frontaliers avec respect, et non comme des «souris».