«Les enfants qui ont faim dans le monde aimeraient bien pouvoir manger tous les jours, comme toi. Alors finis ton assiette!» Une phrase que tout le monde a entendue, ou prononcée, au moins une fois dans sa vie. Or il semblerait que culpabiliser son bambin à l'heure du repas ne l'amène pas à développer une relation saine avec la nourriture.

Une étude, publiée lundi dernier dans la revue Pediatrics démontre l'importance de la dynamique familiale lors des repas sur l'obésité. Jerica Berge et son équipe ont enregistré pendant huit jours les repas de 120 familles à bas revenus avec des enfants âgés de 6 à 12 ans, mangeant au moins trois fois par semaine ensemble. La moitié de ces enfants étaient en surpoids. Le contenu des assiettes n'a pas du tout été pris en compte, les chercheurs se sont uniquement concentrés sur les interactions.

Première constatation: les enfants dont les familles arrivent à créer une ambiance chaleureuse au moment des repas n'ont généralement pas de problème de poids. Au contraire, plus le climat est lourd, hostile et inconfortable, plus les bambins sont susceptibles d'avoir un indice de masse corporelle élevé. Par ailleurs, la façon dont la nourriture est présentée semble être un facteur-clé dans le poids des enfants. Des parents qui mettent en avant les qualités des aliments obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui tentent de culpabiliser leur progéniture. Encourager les enfants à manger un aliment car il lui donnera de la force, lui permettra de courir plus vite, etc. semble ainsi être une bonne tactique.

Le cadre du repas est donc primordial pour un bon équilibre alimentaire. Un avis que partage totalement Dr Nathalie Farpour-Lambert, pédiatre responsable du programme de soins Contrepoids aux HUG. «Cette étude confirme ce que l'on constate en clinique.» La spécialiste de l'obésité conseille en effet de manger «dans une ambiance agréable et non stressante, et d'éviter certains sujets qui fâchent», comme par exemple les notes à l'école ou les devoirs. «Avec le stress, certains enfants peuvent manger plus, car la nourriture apaise.» Dr Nathalie Farpour-Lambert conseille ainsi de faire une activité relaxante pour ne pas arriver énervé ou angoissé à table. «On peut associer la famille à la préparation du repas, attirer les enfants en cuisine, par exemple. On peut aussi faire du sport en rentrant de l'école ou du travail, ne serait-ce que rentrer à vélo ou à pied. Ecouter de la musique, aussi, peut être apaisant.»

Enfin, la spécialiste conseille de prendre du temps à table, car cela permet de reconnaître les signaux de la satiété. Une constatation confirmée par l'étude: les bambins souffrant de surpoids passent en moyenne 13,5 minutes à table, les autres y restent 18,2 minutes.