Lutte pour le maintienPour se sauver, Sion devra se faire violence. Le veut-il?
Le nul contre Lugano (1-1) est venu rappeler le peu de répondant de l’équipe. Venu pour y insuffler sa niaque, Paolo Tramezzani peine toujours à transcender ses joueurs.
- par
- Nicolas Jacquier, Sion

En quittant jeudi soir Neuchâtel, tous les joueurs du FC Sion ainsi que l’encadrement et ses dirigeants affichaient un large sourire de contentement, le point du nul (0-0 contre Xamax) étant clairement celui qu’ils étaient venus chercher. On résume : Christian Constantin ne masquait pas son soulagement, Paolo Tramezzani se montrait lui aussi satisfait, les joueurs, du moins pour ceux que l’on avait eu l’occasion de croiser, pouvaient également vivre avec un résultat maintenant la lanterne rouge à bonne distance, ce qui était l’objectif affiché sur la feuille de route. L’essentiel avait donc été obtenu, la priorité ne commandant plus tellement de savoir comment…
Sauf que lorsque l’on avance sur une corde aussi raide et de surcroît sans filet, il faut savoir enchaîner, ce qui imposait obligatoirement de battre cet étonnant FC Lugano, ce que Sion n’a plus réussi à faire chez lui depuis le printemps 2017 comme en attestaient déjà ses cinq précédents échecs (2 nuls et 3 revers). Un bilan négatif qui s’est encore enrichi dimanche après-midi d’un nouveau fiasco – ne pas s’imposer face à un concurrent de moins en moins direct en est un -, synonyme d’erreur de calcul dans le plan hebdomadaire valaisan. Que Sion soit incapable de battre Lugano pour la sixième fois de rang à Tourbillon raconte le mal chronique qui s’y est installé, dépassant l’identité du technicien qui en est à sa tête. Deux points au lieu des quatre qui avaient été inscrits dans la colonne des entrées, voilà qui vous change en tout cas une bataille pour le maintien à nouveau assez mal emmanchée.
Une dernière demi-heure sans occasion
Comme souvent en pareil cas, il importe de mettre ce nouvel échec à domicile en perspective avec les exploits dominicaux tant de Thoune que de Xamax, deux exploits qu’à Tourbillon, peu de monde sinon personne avait sérieusement vu venir. Pour faire simple, on pensait que Thoune n’allait pas faire le poids face au désormais ex-leader saint-gallois. Comme on imaginait mal la lanterne rouge capable d’aller prendre trois points à la Swissporarena. Or il se trouve que ces équipes-là, non contents de pouvoir s’appuyer sur quelques solides serviteurs du jeu, possèdent une abnégation, des ressources mentales et un supplément d’âme – appelons ça un état d’esprit – qui n’est pas particulièrement l’apanage du FC Sion quand il n’est pas en finale de «sa» Coupe.
Si tout n’est pas à jeter, loin s’en faut (excellent Grgic, bon retour de Toma, une série positive qui se poursuit malgré tout), on n’est pas fondamentalement convaincu que tout le monde se sente concerné en même temps par ce qui se joue sur la pelouse, et soit prêt à y déposer ses tripes. Pourtant Sion se bat, on ne peut pas le lui reprocher, mais à sa manière, sans s’arracher autant que les circonstances l’exigeraient, et trop confusément au niveau d’une production offensive bien trop légère.
Souvenons-nous en: Paolo Tramezzani avait même été engagé d’abord pour cela – insuffler sa «grinta» –, mais six semaines après son retour surprise, on n’a pas le sentiment que son caractère de battant ait suffisamment dépeint sur ses joueurs. Se contenter d’un seul exploit (contre Bâle) en huit matches ne suffit pas à sauver un bilan.
En 2020, Sion a pris 8 points, contre… 23 à Thoune
Le problème avec cette équipe, c’est son incapacité à enchaîner les rendez-vous et à répondre présent quand on l’attend. A peine la croit-on sur la voie de ce que l’on considère comme un renouveau que toc, patatras, elle fait mine de rechuter.
Sans remonter à l’origine du mal, le classement établi sur la seule année civile fait du FC Sion un relégué en puissance. Malgré deux changements de coach, les Valaisans n’ont obtenu que 8 points en 2020, ce qui en fait très clairement la plus mauvaise équipe de Super League sur le plan strictement comptable devant Zurich. A titre indicatif, Thoune et NE Xamax, ses deux concurrents les plus directs dans la lutte contre la relégation, en ont amassé dans le même temps respectivement… 23 et 13.
Christian Constantin aime répéter à l’envi ne pas avoir la mémoire des chiffres. Dans le cas présent, il ferait bien de s’en souvenir car il reste peu de points à aller chercher. Pour Sion, qui compte un match en moins (de là à miser sur un succès…), rien n’est certes définitivement perdu bien sûr mais rien n’est encore gagné non plus ni assuré.
On l’a dit, un maintien se joue d’abord dans les têtes, avec l’obligation de se battre comme des morts de faim, de se rebeller contre un destin parfois contraire en plus des qualités ordinaires. Voilà qui nécessite des efforts, des envies et un engagement collectif supérieur. A Sion, les joueurs sont-ils vraiment tous prêts à les consentir? Poser la question revient à se demander qui une relégation affecterait vraiment parmi ceux détenant aujourd’hui l’avenir sportif du club entre leurs pieds…