Hockey sur glacePourquoi Noah Rod devrait jouer au SCB
Cyrill Pasche, journaliste au Matin, revient sur l'actualité du hockey suisse et des play-off.
- par
- Cyrill Pasche

Cyrill Pasche, journaliste au Matin, revient sur l'actualité du hockey suisse.
Un peu comme les joueurs ont coutume de dire «on prend match après match» ou «il faut se regarder dans le miroir», répéter avant le début des play-off qu'il s'agit «de la plus belle période de la saison» est devenu un passage obligé pour tout hockeyeur qui se respecte.
En réalité, c'est faux. Si les joueurs ont pour ambition «d'élever leur niveau de jeu», on assiste surtout à une surélévation généralisée de la mauvaise foi, et ce à tous les niveaux: des fans aux journalistes en passant par les joueurs et les dirigeants, comme le résume si bien le tweet de l'ami @ritzky :
Les choses se tassent généralement à partir des demi-finales, lorsqu'une première sélection naturelle a été faite.
Commençons donc cet épisode 22 en parlant d'une équipe qui n'est PAS en play-off, et donc épargnée par tout ce qui précède.
Hockey Episode 22, c'est par ici:
1. Quelqu'un aurait des nouvelles du LHC? Je ne trouve les résultats nulle part et je ne n'en entends plus parler, ni à la TV, ni à la radio. Enfin, j'espère que les Lions vont s'en sortir.
2. Pour avoir assisté aux trois premiers matches de GE Servette, je peux confirmer que l'engagement de Tim Traber est un sacré coup en vue de la saison prochaine pour le LHC. Vraiment.
3. Règle numéro un en play-off : paniquer après chaque défaite, surtout la première d'une série. Ainsi à Genève, il aurait fallu virer Woodcroft sur le champ après la défaite 7-0 à Berne lors de l'acte I et le remplacer par le duo Matte/O'Leary qui, comme tout le monde s'en doute, aurait réussi à piéger tactiquement le SCB et réussi à transformer Tim Traber en Tristan Scherwey, Adam Hasani en Simon Bodenmann et Will Petschenig en Ramon Untersander.
4. Le parcours des Aigles en séries a au moins un avantage: il n'y aura pas besoin d'attendre le mois d'octobre pour changer d'entraîneur. Reste qu'après tout ce qui est arrivé à Genève cette saison, avec le plus grand bouleversement de l'histoire du club (McSorley, Quennec, Gillis, etc), accrocher une place en play-off et se faire sortir très logiquement par le SCB en quarts n'a rien de scandaleux.
5. La meilleure chose qui pourrait arriver à Noah Rod serait de jouer au CP Berne. NON pas parce que cela lui permettrait de mettre des immenses frontaux en milieu de patinoire sans être suspendu, mais parce que le coach finlandais Kari Jalonen lui apprendrait à devenir un véritable joueur de hockey de play-off et surtout à faire la différence entre une charge utile et une charge qui n'apporte rien d'autre que des ennuis. Comme il l'a si bien fait avec Tristan Scherwey.
6. J'ai enfin eu la chance de faire une interview avec Marc Lüthi, CEO du CP Berne, qui paraîtra dans le prochain Matin Dimanche. Derrière son air d'ours mal léché, le big boss du SCB a un sens de l'humour et de l'autodérision très marqué. Une des questions était liée à la légende selon laquelle le SCB serait avantagé par les arbitres. (Je vous laisserai lire sa réponse dans Le Matin Dimanche).
Reste que pour conclure l'entretien, en milieu d'après-midi, je lui ai demandé : «Et maintenant, qu'est-ce que tu vas faire du reste de ta journée ? Retourner dans ton bureau pour compter les billets de 1000 francs qui viennent de tomber dans les caisses du SCB?»
Et c'est là qu'il m'a répondu, dans un immense éclat de rire, avant de se lever et de partir : «Non, je vais remplir des enveloppes pour payer les arbitres!». Superbe!
(Disclaimer: IL S'AGIT D'UNE BLAGUE. PERSONNE NE REMPLIT D'ENVELOPPES POUR PAYER DES ARBITRES).
7. Les fans romands du SCB font partie des plus virulents de Suisse. Ils sont «hartnäckig», comme on dit en Suisse-allemand. Ils ne lâchent rien, même quand leur est équipe est très largement au-dessus du lot. J'ai même fini par me prendre d'affection pour certains d'entre eux, avec qui les échanges sur Twitter restent dans un bon état d'esprit.
Exemple d'un tweet qui m'a bien fait marrer l'autre soir après l'acte III de la série contre Genève: c'est la faute des journalistes quand un de leurs joueurs se prend une vilaine charge.

8. D'autres par contre prennent le truc un peu trop au sérieux.Comme ce supporter du SCB qui est venu me voir en tribune de presse après le 7-0 de l'acte I sur le coup de 22h55 alors que je devais renvoyer mon texte à 23h. Je discute volontiers d'articles avec des supporters mécontents, sauf que cinq minutes avant la deadline est un moment particulièrement mal choisi, d'autant plus que le temps est encore plus compté cette saison pour les journalistes avec des matches retardés d'une demi-heure.
Ce fan du SCB-là voulait pour finir carrément aller se battre sur le parking pour quelque chose que je n'avais pas écrit. Si, si.
9. J'adore comme pas mal de monde d'ailleurs les joueurs comme Maxim Lapierre. J'adore encore plus le joueur de Gottéron qui lui a fermé sa bouche tout à la fin de son speech. Comme quoi, les discours les plus courts sont généralement les meilleurs.
10. Le problème quand tu es défenseur, et même attaquant, et que tu joues contre le SCB est avant tout le suivant: si tu ne dois pas te farcir la ligne Moser-Arcobello-Rüfenacht, tu te farciras celle de Bodenmann-Ebbett-Kämpf ou… celle de Scherwey-Haas-Raymond. Dans tous les cas un long moment de solitude à tenter de récupérer le puck.
11. Surprenante mais très rafraîchissante réaction de Félicien Du Bois au micro de la RTS après le dernier duel entre Bienne et Davos, au sujet de la simulation de Jonas Hiller. Pour une fois qu'un joueur dit vraiment le fond de sa pensée, n'allons pas le lui reprocher.
12. Voilà, c'est terminé pour cette semaine. Je sors, avec style, à la Tristan Vauclair.
(«Gros, t'as complètement craqué ou quoi?», a dû lui texter son frère Julien Vauclair après le match de jeudi à la Resega).