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Hockey sur glacePourquoi Van Boxmeer a échoué

L'entraîneur du Lausanne HC ne semble pas avoir les nerfs assez solides pour emmener les Vaudois en LNA.

Christian Maillard
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Christian Maillard
«Quand des Bernois me disaient qu'il était insupportable, je ne voulais pas les croire, mais ils avaient raison», explique Gianluca Mona, ancien gardien du LHC.

«Quand des Bernois me disaient qu'il était insupportable, je ne voulais pas les croire, mais ils avaient raison», explique Gianluca Mona, ancien gardien du LHC.

Lausanne HC n'affrontera pas, mardi prochain, Ambri. C'est Langenthal qui a gagné de se rendre à la Valascia, jouer la dernière place vacante de LNA. «On est malheureusement tombé sur un os…» Dans les vestiaires du Schoren, Julien Staudenmann a relayé, tard mardi soir, l'immense déception des Vaudois. A Malley, c'est chaque année la même histoire. Douze mois après avoir attrapé le hoquet en finale, à Viège, le Lausanne HC a toussé une nouvelle fois au même stade de la compétition; mais à Langenthal cette fois-ci. Voilà maintenant quatre ans que le Lion annonce de grosses ambitions, qu'il pète le feu toute la saison et qu'il crève au poteau à la fin; quatre ans qu'il tourne en rond autour d'une LNA devenue inaccessible. Depuis 2006, depuis qu'il est en Suisse, John Van Boxmeer, l'entraîneur du LHC, n'a toujours rien gagné. Vainqueur de la Coupe Stanley lorsqu'il était encore joueur aux Canadiens de Montréal, le coach ontarien perd régulièrement ses moyens lors du sprint final. Que ce soit à Berne (jusqu'en 2010) – 3 éliminations en play-off dont une défaite en finale contre Davos – ou avec les Vaudois (un unique titre honorifique de LNB à son arrivée en 2010), l'Ontarien n'a pas réussi sa mission.

Mais John Van Boxmeer est-il le seul responsable de l'échec des Lausannois? Si pour Alain Reist «tout le monde est concerné» par ce nouveau naufrage, d'autres, dans le milieu, qui connaissent bien le personnage, pointe un index accusateur sur le coach des Lausannois. Il est vrai que contrairement à Bob Hartley, qui a emmené avec brio Zurich en finale des play-off après un début chaotique, le dompteur de Malley a perdu ses nerfs au moment le plus important de la saison, celui où on l'attendait tous au tournant. Il a suffi une vilaine charge de Cadonau, la blessure du capitaine Florian Conz lors du premier acte de cette finale; une contrariété, un grain de sable, «une panne générale» pour que tout se liquéfie à l'apparition des premiers nuages.

Coaching défaillant

«Il force beaucoup sa première ligne, il utilise énormément ses meilleurs joueurs, confie un technicien suisse, qui était présent dans les tribunes de Langenthal. Certains, dans l'équipe, à l'image de Setzinger, étaient donc cuits. Et d'autres semblaient en avoir ras le bol de jouer aussi peu.» Au bout d'une si longue saison, la corde a fini ainsi par se briser. «Sur le banc, quand il prend une décision, elle est à chaque fois surprenante, poursuit cet autre hockeyeur, qui a un jour porté le tricot des lions. Il manque de contacts avec certains joueurs, ce n'est pas un motivateur.» Cet acteur privilégié qui a gardé des contacts avec le milieu du LHC, s'attendait à autre chose d'un tel personnage qui avait roulé sa bosse en NHL. Pour lui, son coaching est défaillant. «Pourtant, renchérit-il, que ce soit à Berne ou ici à Lausanne, il avait tout pour bien plaire. Mais à force de faire de la salade mêlée dans son alignement, de paniquer quand ça ne fonctionnait pas devant son banc, il a fini par fragiliser son groupe.»

Ancien portier des Lions, Gianluca Mona, qui a pris sa retraite la saison dernière, se souvient d'avoir connu deux Van Boxmeer différent. Celui, «cool», à son arrivée dans la capitale, lors des six premiers mois. Et l'autre, plus colérique, lors de sa deuxième année. «Quand des joueurs de Berne me disaient qu'il était insupportable, je ne voulais pas les croire, mais ils avaient raison. Il a vite changé. Il me convoquait régulièrement dans son bureau. Et quand j'étais en cage, j'avais toujours l'impression qu'il se trouvait dans mon dos!»

Le club lui garde sa confiance

Le gardien tessinois est d'avis, lui aussi, que «JVB» ne supporte pas la pression. «Je me souviens, lorsque nous étions menés 3-2 dans la série contre Ajoie, on ne pouvait plus lui parler. Si le coach est dans un tel état, il transmet sa nervosité aux joueurs et aux dirigeants. Contre Langenthal, j'ai pu constater que tout le monde était très nerveux.» Gianluca Mona estime, malgré tout, que l'Ontarien est un bon entraîneur. «Il l'a prouvé à son arrivée. A Bienne, on n'était, souvenez-vous, qu'à deux minutes de la LNA.» Sébastien Bordeleau, qui l'a côtoyé, lui, lorsqu'il était à Berne, en garde d'ailleurs un très bon souvenir. «Je n'ai jamais eu à m'en plaindre. C'était quelqu'un d'exigeant, mais pas insupportable, nuance le néo-retraité biennois. C'est un coach d'expérience qui sait comment s'y prendre pour gagner. Maintenant, contre Langenthal, ce n'est pas lui qui se trouvait sur la glace, qui devait scorer empêcher un but. C'est trop facile de critiquer un coach.» John Van Boxmeer, né le 20 novembre 1952 à Petrolia, est sous contrat avec le LHC jusqu'en 2013. Parce ce que c'est surtout de «la faute de la presse» si LHC n'est pas monté, Patrick de Preux, président du conseil d'administration du LHC, a assuré qu'il n'y aura pas de changement d'entraîneur pour la saison prochaine. A moins qu'une autre décision ne vienne de plus haut, du côté de Genève…

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