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RussiePoutine propose à Prokhorov un siège au gouvernement

Arrivé en troisième position à l'élection présidentielle, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov s'est vu offert par Vladimir Poutine un siège dans le prochain gouvernement russe.

Le milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov durant la campagne à l'élection présidentielle.

Le milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov durant la campagne à l'élection présidentielle.

AFP

Le président élu de Russie, Vladimir Poutine, a invité mercredi le milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov, arrivé en troisième position à la présidentielle, à entrer dans son prochain gouvernement. Il a également appelé l'opposition à respecter la voix du peuple.

«Mikhaïl Dmitrievitch (Prokhorov) est une personne sérieuse, un bon entrepreneur. Il pourrait en principe être utile au sein de gouvernement, s'il le voulait», a déclaré Vladimir Poutine, cité par les agences de presse russes. Il a indiqué qu'il allait discuter de la composition du gouvernement avec Dmitri Medvedev, président sortant amené à devenir premier ministre.

Le milliardaire de 46 ans, novice en politique, a créé la surprise dimanche en prenant la troisième position derrière M. Poutine et le communiste Guennadi Ziouganov, avec 7,98% des voix selon des résultats quasi-définitifs.

Dimanche, après l'annonce des résultats, Mikhaïl Prokhorov a indiqué qu'il refuserait tout poste si on lui proposait d'entrer au prochain gouvernement sous la présidence de Vladimir Poutine, et annoncé la création d'un nouveau parti. Il a participé lundi soir à une manifestation de l'opposition à Moscou.

Instrument du Kremlin

Certains observateurs estiment que l'homme d'affaires a été instrumentalisé par le pouvoir pour occuper le terrain sur le flanc libéral et contrecarrer l'opposition.

Mikhaïl Prokhorov a effectué ses premiers pas en politique avec l'aval du Kremlin, lorsqu'il a été propulsé en juin 2011 à la tête du petit parti de droite Pravoe Delo (Juste Cause, en russe). Il en a été évincé peu après, pour avoir fait preuve d'une trop grande autonomie par rapport à ses commanditaires, selon les experts.

Quelques mois plus tard, Mikhaïl Prokhorov s'est lancé dans la course à la présidentielle, annonçant sa candidature après la première grande manifestation contre Vladimir Poutine.

Il s'est abstenu d'attaquer frontalement l'homme fort de la Russie, affirmant plutôt incarner une nouvelle étape dans la modernisation du pays après la reprise en main de la Russie par l'ex- agent du KGB depuis 2000.

L'opposition «se cure le nez»

Vladimir Poutine a également souligné mercredi que l'opposition devait admettre ce qu'avait dit «la voix du peuple» en l'élisant à la présidence de la Russie avec près de 64% des suffrages.

Les opposants «ont d'abord admis que votre serviteur avait obtenu plus de 50% des suffrages, et puis ils se sont curés le nez et ont décidé que c'était un peu trop», a ajouté Vladimir Poutine, coutumier des expressions peu littéraires à l'égard de ses contradicteurs.

La Ligue des électeurs, fondée par l'opposition pour surveiller le déroulement de la présidentielle après les législatives contestées de décembre, a déclaré mercredi ne pas reconnaître les résultats du scrutin, affirmant que le score réel de Vladimir Poutine était de 53%.

A peine 50% des voix

Dmitri Orechkine, un politologue membre de la ligue, affirmait mercredi dans le journal d'opposition «Novaïa Gazeta», que le premier ministre russe avait en fait obtenu moins de 50%. L'ONG russe Golos a affirmé que selon ses propres estimations, Vladimir Poutine avait obtenu non 64% mais 50,26% au premier tour.

«Crier au loup, que le train est parti, ou que la gare a disparu, ce n'est pas suffisant», a poursuivi Vladimir Poutine. L'opposition deviendra une vraie force politique quand elle sera «en mesure de formuler non seulement des exigences, mais aussi des propositions pour le développement du pays», a-t-il conclu.

Le premier ministre, déjà président de 2000 à 2008, a obtenu 63,60% des voix à la présidentielle. Le déroulement de cette élection a déjà été critiqué lundi par l'opposition et par la mission d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Moscou.

(ats)

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