«Trierweilergate»Premier couac pour Hollande en pleines législatives
Le président François Hollande affrontait sa première tempête avec l'affaire du tweet posté par sa compagne, Valérie Trierweiler, exploitée par la droite pour limiter les dégâts au second tour des législatives dimanche.

François Hollande, à la recherche d'une large majorité pour gouverner, se retrouve en porte-à-faux à J-4 du second tour des législatives après la prise de position de sa compagne Valérie Trierweiler contre Ségolène Royal, le PS et lui-même.
"Première gaffe de France", "ministre de la Jalousie"... la presse, de droite comme de gauche, étrillait Valérie Trierweiler pour son appui à l'adversaire socialiste dissident de l'ex compagne de François Hollande Ségolène Royal à La Rochelle (ouest) alors que le président venait au contraire d'apporter son soutien à celle-ci, mère de leurs quatre enfants.
«Présidence normale» mise à mal
Au-delà de l'aspect vaudevillesque "ménage à trois" de cette "guerre des roses", le "Trierweilergate" est surtout le premier couac de la "présidence normale" voulue par François Hollande.
Depuis son élection le 6 mai, le nouveau président voulait se distinguer des débuts du quinquennat de Nicolas Sarkozy, marqués par un mélange des genres (rupture avec son épouse Cécilia, affichage de son union avec Carla, appui à la carrière de son fils Jean, etc) qui avait rapidement exaspéré les Français.
"On croyait en avoir fini du mélange sulfureux entre politique et vie privée (...) et voilà que ça recommence !", déplorait le quotidien Sud-Ouest alors que, pour l'Alsace, ce tweet "détruit, en quelques lignes, des mois d'efforts de François Hollande pour apparaître fort, serein et rassurant".
«Aubaine pour la droite»
A quatre jours du second tour des législatives dimanche prochain, la droite s'est emparée de cette affaire, y voyant une aubaine pour priver le Parti socialiste de la majorité absolue à l'Assemblée nationale que le premier tour lui permet d'espérer.
"Vous vous rendez compte que (pendant) cette élection majeure qu'est l'élection législative dans un climat de crise --l'Italie quasiment au dépôt de bilan, l'Espagne qui a un renflouement de 100 milliards d'euros pour ses banques, une crise dont François Hollande ne parle pas-- on nous demande de faire des commentaires sur quelque chose qui, excusez-moi, n'est pas du niveau", s'est exclamé le secrétaire général de l'UMP (droite) Jean-François Copé.
Le Premier ministre dans l'embarras
Très embarrassé, le nouveau pouvoir cherchait la parade, tentant de ramener l'affaire à une "péripétie" de campagne ou à un "sentiment privé". Mme Trierweiler doit savoir garder "un rôle discret", a mis en garde le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Plusieurs responsables socialistes ne cachaient pas leur colère. "Il faut qu'elle (Valérie Trierweiler) apprenne à tenir la place qui est la sienne, c'est-à-dire la réserve", a insisté le président du groupe socialiste au Sénat, François Rebsamen, alors que certains s'interrogent sur la création d'un statut de "Première dame".
"C'est une faute", a même jugé Claude Bartolone, à la tête du département de Seine-Saint-Denis, près de Paris. "Tout ce qui nous fait sortir de la trace de la campagne électorale, c'est bon pour l'abstention et c'est bon pour l'opposition (...) On devrait être en train d'évoquer les attouchements entre la droite et l'extrême droite", s'est-il exclamé.
Seule la ministre Marisol Touraine a plaidé la défense: "Cette affaire prend des proportions que je trouve un peu déplacées. C'est un positionnement privé", "je ne crois pas qu'elle ait cherché à contredire le président". "C'est l'écume des choses", a relativisé de son côté la première secrétaire Martine Aubry.
Le PS fustige le «ni-ni»
Les socialistes tentaient de replacer le débat sur la relation entre la droite et le parti d'extrême droite Front national (FN), de plus en plus ambigüe dans cet entre deux tours des législatives. Ils fustigeaient la stratégie du "ni-ni" (ni FN, ni gauche) adoptée par l'UMP pour le second tour, estimant que la droite se préparait à conclure "une alliance" avec l'extrême droite.
"Bien sûr, ils y vont par petites touches, mais ce +ni-ni+ c'est une rupture avec ce qui s'est passé depuis très longtemps", a contre-attaqué le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Dans le collimateur de la gauche, un candidat UMP des Bouches-du-Rhône (sud-est) qui s'est désisté au profit du Front national (et devrait être exclu de son parti) ou encore l'ancienne ministre Nadine Morano qui en appelle "aux voix du FN" dans le journal d'extrême droite Minute.
La présidente du FN Marine Le Pen, qui espère avoir plusieurs élus dimanche, à commencer par elle à Hénin-Beaumont (nord), a estimé que cette consigne du "ni-ni" signifiait que le mur anti-FN avait "implosé".