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BagdadPremières législatives irakiennes depuis le retrait américain

Les Irakiens se sont rendus aux urnes mercredi pour les premières élections législatives depuis le départ des troupes américaines fin 2011.

Quelque 20 millions d'électeurs irakiens étaient appelés à choisir 328 députés parmi 9039 candidats.

Quelque 20 millions d'électeurs irakiens étaient appelés à choisir 328 députés parmi 9039 candidats.

AFP

Même si les violences n'ont pas épargné le jour du scrutin, le premier ministre sortant Nouri al-Maliki, qui brigue un troisième mandat, se dit «sûr de sa victoire».

Le flot d'électeurs s'est ralenti quelques heures après l'ouverture du vote à 7h (6h en Suisse), mais le rythme devait reprendre avant la fermeture des bureaux de vote, étroitement surveillés, à 18h. Quelque 20 millions d'électeurs étaient appelés à choisir 328 députés parmi 9039 candidats. Aucune date officielle n'a été fixée pour la publication des résultats.

Les forces de sécurité étaient déployées en nombre pour prévenir tout attentat. Les voitures avaient interdiction de circuler dans Bagdad depuis mardi soir.

Le jour du scrutin a toutefois déjà été marqué par des attaques qui ont fait au moins 14 morts et 35 blessés. Les autorités ont dénombré plus de 50 attaques, visant principalement des bureaux de vote ou des électeurs.

Au nord de Kirkouk (nord du pays), un attentat a tué deux membres de la commission électorale. A Mouqdadiya, au nord-est de Bagdad, quatre personnes sont mortes dans une explosion.

Au nord de la capitale, des insurgés se sont emparés d'un bureau de vote qu'ils ont détruit aux explosifs après avoir évacué employés et électeurs. Les violences avaient déjà tué près de 90 personnes ces deux derniers jours.

La commission électorale a reconnu qu'elle ne pouvait garantir le déroulement du scrutin que dans 70% de la province d'Anbar, sans compter Falloujah, où l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) - organisation issue d'Al-Qaïda - est implanté.

Plus de soldats américains

En l'absence de sondages fiables, il est difficile de prédire la composition du prochain parlement. La coalition de l'Etat de droit de Nouri al Maliki fait toutefois figure de favorite.

Pourtant le premier ministre affiche un bilan très critiqué, notamment pour n'avoir pas résolu les problèmes du chômage et de corruption, ni remédié au piètre état des services publics. De plus, le pays reste plongé dans des violences qui font en moyenne 25 victimes chaque jour.

Nouri al Maliki a été l'un des premiers à voter dans un hôtel voisin de la «zone verte», quartier fortifié où se trouve notamment le siège du gouvernement. «J'invite le peuple irakien à se rendre aux urnes en grand nombre pour adresser un message dissuasif aux terroristes et leur infliger une gifle», a-t-il déclaré.

Confiant dans son costume gris perle, il a déclaré aux journalistes être «sûr de la victoire». Ce scrutin est «encore plus réussi que le précédent, car il n'y a plus de soldat américain sur le sol irakien», a-t-il dit.

Argument instrumentalisé

Principal adversaire sunnite du premier ministre, Oussama al Noudjaïfi a prévenu, après avoir voté, qu'il ne soutiendrait jamais une reconduction de Nouri al Maliki - un chiite - à la tête du gouvernement. «Nous avons fixé des lignes rouges. Nous ne nous allierons en aucun cas avec le premier ministre actuel», a dit le président du Parlement à la presse.

Oussama al Noudjaïfi a récemment déclaré que la minorité sunnite d'Irak souffrait du «terrorisme et des milices» à cause de Nouri al Maliki, qui cumule les ministères de la Défense, de l'Intérieur et de la Sécurité.

Selon une règle non écrite, le poste de premier ministre revient à un chiite, les Kurdes détiennent la présidence et les sunnites la tête du Parlement. Or Nouri al Maliki reste le seul chiite ayant l'envergure du poste. Mais sa coalition n'étant pas assurée d'obtenir une majorité, les négociations pour former un gouvernement risquent donc de prendre de longs mois.

Les tensions entre chiites et sunnites, exacerbées notamment par la guerre en Syrie voisine, sont devenues un argument politique instrumentalisé tant par M. Maliki que par les jihadistes. Elles alimentent les violences, qui en avril seulement ont tué plus de 750 personnes.

(ats)

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