Sondage en ligne: Près de 10'000 participants à l'étude sur le français parlé

Publié

Sondage en lignePrès de 10'000 participants à l'étude sur le français parlé

Des chercheurs ont présenté mardi à Neuchâtel les premiers résultats d'une étude réalisée en Suisse romande et en France voisine.

ARCHIVES / PHOTO D'ILLUSTRATION

De juin à octobre, près de 10'000 personnes ont participé à une étude sur les usages du français parlé en Suisse romande et en France voisine. Leurs commentaires ont contribué à enrichir le sondage en ligne, qui se poursuit.

Les chercheurs ont présenté mardi devant la presse à Neuchâtel les premiers résultats, basés sur environ 8000 participants dont quelque 5000 en Suisse. Ils ont déjà réalisé des dizaines de cartes géographiques qui mettent en évidence le degré de vitalité des mots et expressions, ainsi que leur diffusion hors de leur lieu d'origine.

L'une des grandes tendances est le morcellement linguistique, avec de fortes disparités entre cantons ou même entre districts. Exemple: les habitants de l'Arc jurassien utilisent plus facilement que d'autres la phrase «c'est droit ce que je lui ai dit», mais sont peu friands de l'adjectif «bonnard» entendu ailleurs en Suisse romande.

«Adieu!» au fond de la France

A l'inverse, certains usages ne sont pas aussi typiquement suisses qu'on le croyait et font fi des frontières. Les Romands ne sont pas seuls à dire «avoir meilleur temps de» faire quelque chose: les Français du Doubs, du Jura et de Haute-Savoie l'utilisent. «Adieu!», qu'on entend souvent côté romand, se retrouve jusqu'aux Pyrénées.

En revanche, certaines expressions restent cantonnées sur sol helvétique, comme «déçu en bien». Bien qu'attribuée habituellement aux Vaudois, cette dernière résonne dans l'ensemble de la Suisse romande.

Âge et sexe

L'analyse en fonction de l'âge indique quelles expressions risquent de perdre du terrain en «vieillissant». C'est le cas du passé surcomposé («Il a eu fumé»), entendu plus souvent chez les aînés que chez les jeunes.

Ce sont surtout les personnes âgées aussi qui disent «J'ai personne vu» ou «Il est venu grand» (pour «devenu»). D'autres parlers se maintiennent cependant à tout âge, comme «il veut pleuvoir» qui utilise le verbe vouloir en auxiliaire pour marquer le futur.

Autre axe d'analyse intéressant: le genre. Il semble que les hommes utilisent certaines expressions bien plus souvent que les femmes - le phénomène est net pour «Il est venu grand» et «Il veut pleuvoir». Français «correct»?

Les participants ont mis du coeur à l'ouvrage. Ils ne se sont pas contentés de répondre au questionnaire en ligne, mais ont apporté moult compléments, listes, commentaires ou critiques, ont souligné avec satisfaction Federica Diémoz (Université de Neuchâtel) et Mathieu Avanzi (Universités de Zurich et de Genève).

Entre les lignes se dessinent deux réactions, parfois mêlées. D'une part, un attachement à certains usages régionaux, voire de la fierté. D'autre part, un jugement sur la norme («je connais l'expression mais ne l'utilise pas car ce n'est pas du bon français»).

L'enquête n'est pas révolutionnaire mais se démarque par l'ampleur de la récolte (mots, expressions, prononciations, accents). Et elle englobe des locutions souvent entendues mais jamais défrichées dans d'autres études. Grâce aux suggestions reçues, les chercheurs mettront en ligne ce mois-ci un nouveau sondage enrichi.

www2.unine.ch/observatoirefrancaissr

(ats)

Ton opinion