Guerre en SyriePrès de 50 civils, dont 10 enfants tués par le régime
Une enclave à l'est de Damas a été bombardée par les forces du régime mardi, faisant des dizaines de morts et plus d'une centaine de blessés.
L'armée de l'air syrienne a poursuivi mardi ses frappes aériennes contre une enclave rebelle de la Ghouta orientale, à proximité de Damas. Près de 50 civils - dont dix enfants - ont péri. Ces nouvelles attaques surviennent malgré l'accroissement des pressions internationales sur le régime, accusé d'avoir perpétré des attaques chimiques.
Au lendemain de la mort de 31 personnes dans des raids semblables, les avions du régime de Bachar el-Assad ont de nouveau bombardé plusieurs localités de cette enclave assiégée depuis 2013. Au moins 47 civils ont été tués et une centaine, blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il s'agit des raids les plus meurtriers depuis le lancement, il y a six semaines, d'une opération du régime à la périphérie de la Ghouta, une région proche de la capitale, a précisé l'ONG. «Dix-neuf personnes sont encore sous les décombres et de nombreux blessés sont dans un état critique».
La Ghouta orientale est la cible quasi-quotidienne de bombardements du régime, et ses quelque 400'000 habitants vivent une grave crise humanitaire, avec des pénuries de nourriture et de médicaments. En représailles, les rebelles ont tiré des roquettes sur Damas, bastion du régime, où trois civils ont été tués mardi, selon l'agence officielle Sana.
Attaques chimiques
Outre les frappes sur la Ghouta, le régime a intensifié ces dernières semaines ses bombardements contre la province d'Idleb (nord-ouest), contrôlée par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et où sont présents plusieurs groupes rebelles syriens. La veille, 16 personnes ont péri dans les raids à Idleb.
La Ghouta orientale et la province d'Idleb font partie des quatre zones de désescalade mises en place en Syrie en vue de parvenir à un cessez-le-feu global. Ces violences«tournent en dérision ces soit-disant zones de désescalade», a dénoncé une commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les crimes de guerre en Syrie. «Ces dernières 48 heures, l'ampleur et la férocité des attaques ont considérablement augmenté».
Cette même commission a annoncé qu'elle enquêtait sur des attaques chimiques présumées du régime à Saraqeb, une localité de la province d'Idleb, où 11 cas de suffocation ont été rapportés, mais aussi dans la Ghouta orientale. Le 22 janvier, l'OSDH a rapporté 21 cas de suffocation dans la Ghouta, des habitants et des sources médicales évoquant alors une attaque au chlore. Le régime de Bachar el-Assad a nié utiliser ces armes.
Les Etats-Unis, hostiles au régime syrien, l'ont accusé d'y recourir et affirmé qu'ils n'excluaient pas de procéder à des frappes en Syrie. Lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis et la Russie, alliée de M. Assad, se sont vertement affrontés à propos d'un texte d'inspiration américaine condamnant des attaques chimiques présumées du régime.
Manifestations à Afrine
Déplorant «une situation extrême» en Syrie, les différentes agences de l'ONU basées à Damas ont réclamé «une cessation immédiate des hostilités pour au moins un mois», selon un communiqué. L'objectif est de «permettre la distribution d'aide humanitaire, l'évacuation des blessés et des malades dans un état critique, et alléger la souffrance» des civils.
Sur un autre front de la guerre en Syrie, des centaines de personnes, venues des régions kurdes du nord-est, ont manifesté à Afrine (nord-ouest). Elles ont dénoncé l'offensive militaire turque contre l'enclave aux mains des Kurdes, en cours depuis le 20 janvier.
«Entre la Ghouta orientale, Idleb, Afrine, c'est la première fois que nous avons plusieurs fronts avec des gens en situation d'extrême danger, sans une solution en vue», a déploré le coordinateur régional du bureau des affaires humanitaires de l'ONU pour la crise en Syrie, Panos Moumtzis.
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays régionaux et étrangers et de groupes djihadistes, sur un territoire morcelé. Toutes les tentatives de trouver une solution politique ont échoué jusque-là.