FrancePrimaire à droite: bientôt le grand oral
Le premier débat télévisé va départager les six prétendants jeudi soir.
Les candidats à la primaire de la droite française, étape-clé dans la course présidentielle, passent jeudi soir leur première épreuve du feu avec un débat télévisé très attendu, que l'ancien Premier ministre Alain Juppé aborde en favori face à l'ex-président Nicolas Sarkozy.
Les sept prétendants, six hommes et une femme, s'affronteront à partir de 21H00 (19H00 GMT) sur le plateau de la chaîne privée TF1, selon des règles négociées d'arrache-pied par leurs entourages, à moins de six semaines du premier tour de la primaire.
Alors que, de l'avis des spécialistes, le débat profitera plus aux petits candidats qu'aux favoris, chacun devra naviguer entre volonté de se distinguer et besoin de réunir les électeurs, pour ne pas compromettre le nécessaire ralliement autour du vainqueur, une fois close la course à l'investiture.
Un débat, pas un pugilat
Cette première joute télévisé doit être «un débat, pas un pugilat comme aux États-Unis», ce qui «donnerait une image désespérante de la vie publique», a commenté Thierry Solère, président du comité d'organisation de la primaire, en référence à la vulgarité inédite du duel américain Clinton-Trump.
Mais le format strictement chronométré du débat laissera peu de place aux dérapages: chaque candidat n'aura qu'une minute pour se présenter, une minute pour répondre à chaque question et 30 secondes pour répliquer aux interpellations ou interpeller un autre candidat. Soit un quart d'heure au total pour convaincre.
Ordre d'intervention, placement sur le plateau, nombre de plans de coupe: tout a été calé avec minutie pour assurer l'équité de ce débat, où chaque participant aura exactement le même temps de parole, qu'il soit poids lourd ou «outsider».
L'enjeu de la primaire de la droite, prévue les 20 et 27 novembre, est majeur: son vainqueur a de fortes chances d'entrer à l'Elysée - le palais présidentiel - au printemps prochain. Compte tenu du marasme à gauche, les sondages prédisent en effet un second tour de la présidentielle entre le champion de la droite et la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen, puis la défaite de cette dernière au second tour.
Juppé fait course en tête
Jusqu'ici, Alain Juppé, 71 ans, fait la course en tête grâce à une campagne pondérée et à son image de rassembleur, appréciée par la droite modérée, le centre et même une partie de la gauche.
Candidat favori des sympathisants de la droite et du centre (75% d'opinions favorables), mais aussi des Français dans leur ensemble (55%), selon un sondage mercredi, le maire de Bordeaux (sud-ouest) conserve une nette avance sur son grand rival Nicolas Sarkozy.
Candidat autoproclamé «du peuple» contre «les élites bien-pensantes», à la ligne très droitière, l'ex-chef de l'Etat de 61 ans, au pouvoir de 2007 à 2012, recueille lui 55% d'opinions favorables dans son camp et seulement 28% au sein de la population.
Ce sont finalement les «petits» candidats qui ont le plus à gagner lors du débat de jeudi, estime Gaël Sliman, président de l'institut de sondages Odoxa.
Le discours de Fillon «peine à imprimer»
Ainsi, deux ex-ministres quadragénaires, «Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, peuvent gagner en crédibilité», juge Gaël Sliman. Quant à l'ex-Premier ministre François Fillon, dont le discours «peine à imprimer» malgré sa stature, il pourra, selon le politologue, faire entendre sa petite musique libérale.
En revanche, «les deux favoris n'ont que des coups à prendre», met-il en garde.
Alain Juppé, qui souffre d'une image d'homme froid et hautain, «ne doit pas donner le sentiment d'avoir déjà gagné, il doit se placer au-dessus de la mêlée», juge le spécialiste de l'opinion publique. Nicolas Sarkozy, dont le discours droitier hérisse une partie de son camp, risque quant à lui «d'avoir tous les autres contre lui», selon l'analyste.
Si les sept candidats se sont entraînés à coups de fiches détaillées ou de faux débats, Alain Juppé s'est offert une récréation mercredi en visitant une exposition consacrée à Tintin, le personnage de Hergé. «Un peu de poésie» avant le grand saut de jeudi soir, a-t-il confié.
Deux autres débats à sept sont prévus les 3 et 17 novembre et un dernier, entre les finalistes, le 24.