Meurtres de Rupperswil: Prison à vie et internement simple pour le meurtrier

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Meurtres de RupperswilPrison à vie et internement simple pour le meurtrier

Thomas N. a été reconnu coupable de tous les chefs d'accusation requis par le Ministère public, dont les actes préparatoires en vue d'un autre meurtre.

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La procureure Barbara Loppacher avait renoncé à faire appel dans un premier temps. Mais après le recours du condamné, elle s'y est décidé dans le délai légal. (Lundi 22 octobre 2018)

La procureure Barbara Loppacher avait renoncé à faire appel dans un premier temps. Mais après le recours du condamné, elle s'y est décidé dans le délai légal. (Lundi 22 octobre 2018)

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Thomas N. fait recours contre son internement. (Jeudi 13 septembre 2018)

Thomas N. fait recours contre son internement. (Jeudi 13 septembre 2018)

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Georg Metger (à droite), compagnon de la mère assassinée, publie un livre sur le drame. (Vendredi 13 avril 2018)

Georg Metger (à droite), compagnon de la mère assassinée, publie un livre sur le drame. (Vendredi 13 avril 2018)

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Le quadruple assassin de Rupperswil (AG) écope d'une peine de prison à perpétuité, assortie d'un internement simple. Le Tribunal de district de Lenzburg (AG) l'a reconnu vendredi coupable d'assassinats et d'acte d'ordre sexuel avec enfant, notamment.

La Cour a retenu tous les chefs d'accusation requis par le Ministère public: assassinats, extorsion de fonds, séquestration, prise d'otages, acte d'ordre sexuel avec enfant, contrainte sexuelle, incendie intentionnel, pornographie, faux dans les titres, actes préparatoires et d'autres délits.

Thérapie

L'internement est prononcé en raison de la gravité des faits, du risque de récidive, ainsi que des troubles psychiques et de la pédophilie qui ont incité le prévenu à commettre son crime. A travers cette mesure, le meurtrier ne pourra pas demander sa libération conditionnelle après 15 ans. Ce n'est qu'après une vingtaine d'années de réclusion que son internement sera réévalué régulièrement.

L'accusé âgé de 34 ans devra suivre une thérapie ambulatoire en milieu carcéral. Il devra aussi verser aux proches des victimes quelque 700'000 francs d'indemnités et de réparation pour tort moral. Ce versement sera sans doute largement couvert par l'Aide aux victimes, le prévenu n'en ayant pas les moyens. Les 525'000 francs de procédure sont également à la charge du trentenaire.

Pas d'internement à vie

Le tribunal n'a en revanche pas suivi la procureure au sujet de la mesure d'internement. Le Ministère public demandait l'internement à vie. Selon les deux experts auditionnés lors du procès, l'accusé peut être soigné à long terme, invoque le président. La condition légale pour un internement à vie - une impossibilité durable de traitement - n'est donc pas remplie.

La majorité des cinq juges s'est ainsi prononcée pour un internement simple. La défense avait, elle, demandé que la peine de prison ne dépasse pas 18 ans et que l'accusé ne soit pas interné. Le président du tribunal a justifié la peine à perpétuité par la gravité des faits et leur multiplicité.

«Autoroute de l'horreur»

L'accusé, qui n'avait jamais commis de crime auparavant, «a pris l'autoroute de l'horreur», a déclaré le président du tribunal lors de l'énoncé du jugement. Il a exécuté le schéma qu'il avait en tête. L'abus sexuel sur la plus jeune victime, un adolescent de 13 ans, l'assassinat de quatre personnes et l'incendie criminel en faisaient partie. Tout comme l'extorsion de fonds qui devaient servir à financer un train de vie bâti sur le mensonge.

Le prévenu a agi «de sang-froid, de manière primitive, sans pitié ni empathie» et «par pur égoïsme», a déclaré le juge. Les victimes ont été «massacrées» sans aucun scrupule, «de manière déterminée et conséquente». Après son crime, l'attitude de l'assassin est restée empreinte de froideur et de maîtrise de soi.

Quatre personnes égorgées à domicile

Le matin du 21 décembre 2015 à Rupperswil, le prévenu a commis l'un des crimes les plus graves de l'histoire en Suisse. Armé d'un couteau de cuisine, il a sonné à la porte du domicile des victimes, s'est présenté à la mère de famille comme un psychologue scolaire mandaté pour un prétendu cas de suicide d'une élève victime de mobbing à l'école que fréquentait le fils cadet.

Après avoir gagné la confiance de la femme de 48 ans, il s'est entretenu avec le garçon de 13 ans, puis a sorti son couteau. Sous cette menace, la mère de famille a été forcée de réveiller le fils aîné de 19 ans et sa petite amie de 21 ans, puis de les ligoter. Le ravisseur l'a ensuite contrainte à aller retirer 11'000 francs sur deux comptes bancaires, prétendant qu'un complice la surveillait à distance. A son retour, il l'a ligotée.

Nouveau crime en préparation

Il a ensuite abusé sexuellement du fils cadet dans sa chambre. Après avoir égorgé ses quatre victimes, il a mis le feu à la maison. Dans les mois qui ont suivi, il a cherché à nouveau des garçons sur Internet, espionné les familles de deux d'entre eux et préparé son sac à dos contenant ses instruments criminels. Il a été arrêté le 12 mai 2016, avant de pouvoir passer à l'acte une nouvelle fois.

Le jugement n'est pas encore entré en force. Il peut faire l'objet d'un appel.

(ats)

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