GENÈVE: Prison ferme requise contre le prof de judo

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GENÈVEPrison ferme requise contre le prof de judo

Le Ministère public genevois a requis trois ans de prison dont un an ferme contre l'entraîneur genevois accusé notamment de viol sur mineur.

Julien Culet
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Julien Culet
Le prévenu exerçait dans un club le dojo est situé dans au Centre sportif des Pervenches, à Carouge (GE).

Le prévenu exerçait dans un club le dojo est situé dans au Centre sportif des Pervenches, à Carouge (GE).

Christian Bonzon

«Il avait deux faces. Une que j'aimais, pour laquelle j'avais de l'admiration. Il avait une bonne partie en lui, mais il était aussi un démon.» Hier matin, la jeune femme de 18 ans a témoigné de la relation qu'elle avait avec son ancien entraîneur de judo de Carouge (GE), âgé de 52 ans. Celui-ci est notamment jugé pour contrainte sexuelle et viol, qu'il aurait perpétrés sur son élève, alors qu'elle avait entre 12 et 15 ans. Elle nie avoir été en couple avec lui, comme le quinquagénaire l'affirmait mercredi.

La jeune femme dit essayer de se reconstruire après les abus qu'elle aurait subis: «Je suis suivie, je suis beaucoup aidée par mes proches. Je tente d'apprendre à vivre avec ça, mais une partie de moi est toujours cassée», témoigne-t-elle.

La victime a également dû justifier les raisons de son silence et de ses nombreuses sorties avec le prévenu. «J'étais obligée, sinon ça aurait détruit ma passion pour le judo, explique-t-elle. C'était le meilleur entraîneur de Genève. Je savais que ça mettrait un terme à tout ça, que ma carrière prendrait fin.» L'adolescente rêvait de devenir professionnelle et de Jeux olympiques. Elle a tout arrêté, incapable de reprendre le sport qu'elle pratiquait six fois par semaine.

Sa mère a été aussi entendue par les juges. «Quand je l'avais sous les yeux, je ne pouvais pas imaginer qu'il pouvait se passer ces choses-là», explique-t-elle. La maman a ressenti comme «un coup de poing dans la figure» quand elle a découvert que son «enfant a subi des attouchements» par quelqu'un en qui on a «une confiance absolue». C'est parce que l'ado, alors âgée de 15 ans, criait au téléphone contre l'accusé que la mère a confisqué son smartphone et a eu connaissance des messages échangés.

«C'était un prédateur. Il a mis en place tout un système pendant trois ans», estime la procureure, Rita Sethi-Karam, parlant du «lavage de cerveau» subi par la victime. La magistrate a requis trois ans de prison dont un an ferme et l'interdiction d'exercer avec des mineurs.

Pour la magistrate, l'adolescente a subi une pression psychique importante. L'accusé a expliqué mercredi que les relations sexuelles étaient consenties. «Si on suppose qu'elle a donné son consentement, celui-ci était vicié. Il ne peut que l'être entre une ado de 14 ans et son coach sportif et mental», a répondu la représentante du Ministère public. Ainsi, pour la procureure, toutes les relations sexuelles échangées, sont des viols.

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