TurquieProcès Cumhuriyet: de 7 à 15 ans de prison requis
Des collaborateurs du quotidien d'opposition au gouvernement d'Erdogan comparaissent pour activités «terroristes».
Un procureur a requis vendredi entre sept ans et demi et quinze ans de prison pour 13 collaborateurs du quotidien Cumhuriyet ont rapporté le quotidien et l'agence étatique Anadolu. Les accusés sont jugés pour activités «terroristes».
Lors d'une audience du procès à Silivri, à la lisière d'Istanbul, le procureur a demandé à l'encontre des accusés des peines de prison allant de 7 ans et demi à 15 ans pour «aide à une organisation terroriste sans en être membre» contre les 13 accusés. Parmi eux figurent le journaliste d'investigation Ahmet Sik, le rédacteur en chef du quotidien Murat Sabuncu, son patron Akin Atalay et le caricaturiste Musa Kart, selon Cumhuriyet.
Quatre autres collaborateurs de Cumhuriyet sont jugés dans ce procès. Le journal n'a pas précisé les peines qui ont été requises contre eux.
Ce procès suscite l'inquiétude des défenseurs de la liberté de la presse qui dénoncent la multiplication des pressions contre les médias sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan, notamment depuis le putsch manqué de juillet 2016.
Farouche opposant à M. Erdogan
Les collaborateurs de Cumhuriyet sont accusés d'aide à trois groupes classés «terroristes» par Ankara: le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation d'extrême gauche appelée DHKP-C, et le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, auquel les autorités imputent la tentative de putsch de juillet 2016.
Cumhuriyet, farouche opposant à M. Erdogan, rejette en bloc ces accusations. Il estime que le pouvoir cherche à réduire au silence l'un des derniers organes de presse indépendants en Turquie.
Actuellement, seul M. Atalay, président du conseil exécutif de la Fondation Cumhuriyet, qui détient le journal, est encore en détention préventive. Il a désormais passé plus de 500 jours derrière les barreaux. Le juge a ordonné vendredi soir son maintien en détention avant de clore l'audience et d'ajourner le procès au 24 avril, selon Cumhuriyet.
La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters sans frontières (RSF).