NeuchâtelProjet de reconversion pour les chômeurs relancé
Une dizaine de chômeurs ont bénéficié d'une formation dans l'industrie pharmaceutique. Le programme cantonal est reconduit.

Le programme été mis en place par le service de l'emploi du canton de Neuchâtel.
Ils étaient souffleur de verre, paysagiste ou encore peintre en bâtiment: dix chômeurs viennent de trouver un emploi comme opérateurs en industrie pharmaceutique après une reconversion. Ce projet neuchâtelois sera renouvelé en 2017, voire élargi à d'autres branches.
Le nouveau cursus a été mis en place par le service de l'emploi du canton de Neuchâtel, en collaboration avec sept entreprises: les neuchâteloises Celgene, Shire, Medtronic Kyphon et Glenmark, les vaudoises B.Braun et Ferring, ainsi que la fribourgeoise Vifor.
La formation dure quatre mois: initiation en salle blanche, théorie, puis stage de deux mois en entreprise. En août dernier, dix des douze participants à cette première édition ont obtenu une certification et ont été engagés par les sociétés concernées. Capacités à exploiter
Il s'agit d'un projet pilote «exemplaire», a salué le conseiller d'Etat Jean-Nat Karakash lundi devant la presse. «Il s'inscrit pleinement dans la stratégie neuchâteloise en matière d'intégration professionnelle.»
La reconversion est centrée sur les compétences recherchées par les employeurs, et sur le potentiel des demandeurs d'emploi dont les capacités sont momentanément non adaptées au marché.
Le fait d'être au chômage ou migrant, ou de recevoir l'aide sociale, freine parfois l'accès à une formation, relève la cheffe du service de l'emploi Valérie Gianoli. Ce programme est donc innovant, car il est axé sur les besoins et non sur le statut des personnes.
Plus d'une centaine de personnes ont assisté à la première séance d'information début 2016. Parmi les intéressés, les douze participants ont été sélectionnés après des tests et des entretiens individuels.
Motivation vs CV
Il s'agissait d'identifier ceux qui peuvent s'adapter aux conditions de travail du secteur pharmaceutique. Ce n'est pas le CV qui prime, mais la motivation et les compétences personnelles, précise Monica Berger, des ressources humaines de Celgene.
Avant de commencer, «j'étais angoissé et plein de doutes car je n'y connaissais rien», témoigne Pierre, 25 ans. Ce dernier était au chômage depuis un an, après avoir travaillé quatre ans comme souffleur de verre en laboratoire. «J'ai trouvé ici encouragements et reconnaissance». Embauché il y a deux mois, il se voit poursuivre à son poste, voire progresser dans cette filière.
«Au départ, j'étais réticent. Je faisais partie des plus âgés, je n'étais pas très confiant», raconte Salvatore, 55 ans. Avant la reconversion, ce père de quatre enfants était au chômage depuis 18 mois. Au final, ce fut un succès et il n'en tire «que du positif».
Partenariat public-privé
Le programme a bénéficié d'un financement public-privé. L'Etat de Neuchâtel a investi 80'000 francs pour les cours. Les entreprises ont fourni coaches, locaux et diverses prestations. Pour les autorités, le prix en vaut la peine en considérant le taux de succès et l'évitement du basculement dans l'aide sociale.
Valérie Gianoli souligne la rapidité avec laquelle ce programme a été mis sur pied. «On retient que c'est possible d'apporter des réponses différentes» et que l'expérience est transférable dans d'autres branches économiques, moyennant des adaptations.
L'objectif est donc de convaincre d'autres employeurs et cantons de s'y lancer à leur tour. Face aux difficultés de recrutement, «c'est à nous, entreprises industrielles, de faire perdurer cette initiative», affirme avec enthousiasme Nicolas Villemagne, directeur du site de production de Celgene à Boudry.