Code de la routePrune à 1140 francs pour un cycliste
Un pendulaire habitué aux trajets à vélo entre Thonon (F) et Genève a reçu une amende salée. Une sanction jugée disproportionnée par les lobbies cyclistes.
- par
- Sarah Zeines

Alexandre ne conteste pas les infractions au Code de la route, mais s'indigne du montant de la sanction.
«La sanction est hallucinante!» Alexandre Gagnaire, quadragénaire employé dans une grande organisation internationale à Genève, est tombé des nues lorsqu'il a reçu une amende de 1140 fr., dont 500 francs d'émoluments, la semaine dernière. L'infraction en cause? Une queue de poisson entre deux files de voitures, le 18 avril dernier vers 17 h. Une manœuvre verbalisée par deux policiers, postés au bout du quai du Mont-Blanc pour une opération de prévention d'envergure qui visait la traque aux conducteurs peu regardants en matière de Code de la route. «Le montant correspond au franchissement de la double ligne, au milieu de la route, et à une supposée mise en danger de la vie d'autrui», précise l'informaticien.
Les individus que Pierre Maudet – alors conseiller administratif de la Ville de Genève – avait qualifiés de «cycloterroristes», lors d'une campagne de répression en 2010, sont dans l'œil du cyclone aujourd'hui. Notamment depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle ordonnance sur les règles de la circulation routière, début 2016. «Le Code de la route a toujours été important, relève Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police cantonale genevoise. Les montants des émoluments sont calculés sur la base de l'ordonnance pénale. Il n'y a plus de différence entre une voiture, une moto ou un vélo en cas d'infraction. Les cyclistes doivent donc respecter les règles au même titre que les automobilistes.» Les mordus de la petite reine n'ayant jamais passé d'examens théoriques ne sont pas non plus épargnés. «Les enfants sont sensibilisés aux règles de la route dès l'âge de 10 ans», continue le porte-parole.
Les provélos s'insurgent
Du côté des associations cyclistes, dont Alexandre est justement très proche, la sanction est jugée disproportionnée. «L'amende est étonnante au vu de l'infraction commise, estime Thomas Wenger, président de l'ATE-Genève (Association Transports et Environnement). La sécurité des piétons est certes importante, mais il ne faut pas tomber dans l'excès répressif.» La politique policière en la matière agace par ailleurs profondément le chef de l'ATE: «L'initiative pour la mobilité douce a été votée par les Genevois en 2011, peste-t-il. Pourquoi les investissements en matière d'infrastructure des deux-roues manquent-ils toujours à l'appel? La carence de pistes cyclables, par exemple, est une réalité qui incite à l'infraction.» Même son de cloche chez Lisa Mazzone, conseillère nationale (Les Verts/GE) et militante provélo de la première heure: «Il faut arrêter de stigmatiser les cyclistes et se concentrer sur le déficit de pistes cyclables et de feux de signalisation.» A noter que ça risque de faire cher le coup de pédale.