Ski de fondQuand il y a une certaine justice dans le sport
Le Valaisan Candide Pralong est un gros bosseur, qui aime ce qu’il fait. Il en a été récompensé ce week-end dans les Grisons et ça fait du bien.

- par
- Robin Carrel

Dans ce métier, quand on va sur des disciplines qu'on ne connaît pas très bien, il y a souvent de jolies surprises, de belles rencontres, de sacrées découvertes. Celle qui restera marquante, lors du week-end de ski de fond à Davos, c'est clairement d'avoir pu suivre - à distance respectueuse Covid oblige -, Candide Pralong. Le fondeur valaisan a une histoire pas comme les autres et ç'a été une joie de l'apprendre.
Et comme, des fois, la vie est bien faite; comme, à quelques reprises, le sport récompense ceux qui le respectent, et bien la roue a tourné en faveur du trentenaire du Val Ferret dimanche. Lui qui, un peu vexé d'être intégré, chassé, puis réintégré dans les cadres de Swiss-Ski, a choisi une voie plus personnelle dans laquelle il s’épanouit. Le jeune homme s'est mis en danger et il en a récolté les fruits dans les Grisons.
Siège chaud
Tout le monde avait les yeux rivés sur Dario Cologna. Forcément, c'était la dernière du quadruple champion olympique à la maison. Mais celui qui a pris place sur le «hot seat» pendant de longues et belles minutes, celui qui a réussi le meilleur résultat des Suisses lors du 15 kilomètres en style libre (16e), c'est bien Candide Pralong. Son sourire, dans le canapé du leader provisoire, avait quelque chose de beau.
«Ça faisait plaisir de s'y poser un moment, a-t-il rigolé, après avoir été finalement doublé par un adversaire, puis une autre quatorzaine un peu après. C'est la troisième fois, ici, que je pars avec un petit dossard et que j'ai la chance de pouvoir me mettre sur le fauteuil. C'est vraiment cool de pouvoir faire sa course et puis après de pouvoir regarder les autres depuis là.»
Il ne savait pas encore qu'il resterait dans les points, égalerait le meilleur résultat de sa carrière sur la distance – une 16e place, déjà à Davos, il y a quatre ans - et marquerait ainsi les esprits en vue d'une qualification pour les JO. Mais ça ne semblait pas l'émouvoir particulièrement. Le Valaisan était surtout heureux d'avoir donné le meilleur de lui-même et de constater que son travail acharné payait.
«Il y a encore beaucoup de bons coureurs qui doivent arriver. Si je suis dans les points tant mieux. Et sinon, ce n'est pas grave, relativisait-il alors. La forme est vraiment bonne. De semaine en semaine, ça va vraiment mieux. C'est bon signe pour la suite et je me réjouis de ces prochaines courses. Ce qui est sûr, c'est que je prends un énorme plaisir.»
«Ça met de bons coups de pied au c*l!»
Ce qui est beau aussi, c'est que malgré la violence de l'effort, il a pu prendre du plaisir à courir «à la maison», lui qui a vécu quatre ans sur les rives de la Landwasser. «L'année passée, il n'y avait pas de public et je me suis dit qu'en fait, ça ne changeait pas grand-chose. Mais cette année, les gens étaient de retour et ça m'a permis de me rendre compte à quel point ça pouvait aider. Ça donne des ailes!»
De là à prendre plaisir à se faire éructer dessus par des milliers de Suisses allemands pendant 15 bornes? «Mais ils ont encore plus de caractère que chez nous peut-être! Ça met de bons coups de pied au c*l», se marre-t-il.
Son prochain grand objectif est le Tour de Ski, entre le 28 décembre et le 4 janvier. Là-bas, il se fera crier dessus par des Grisons, encore, mais aussi des Italiens et des Allemands. En espérant que ça se traduise en chinois quelques semaines plus tard.