ExpositionQuand les animaux ne pensent qu'à ça...
Un petit poisson, un petit oiseau s'aimaient d'amour tendre, mais comment s'y prendre... Un brin osée mais tout en rigueur scientifique, l'expo «Bêtes de sexe» met en scène à Paris la séduction dans le monde animal.
Des bonobos qui font l'amour pour mieux gérer les conflits, des femelles lézard qui sont devenues de vraies Amazones ou des mouettes rieuses mâles homosexuelles: tous les pans de la séduction et de la reproduction du règne animal sont passés en revue par l'exposition «Bêtes de sexe» présentée au Palais de la Découverte, à Paris, jusqu'au 25 août 2013.
Emprunté au Muséum d'histoire naturelle de Londres, ce parcours didactique illustré par une centaine d'animaux naturalisés et de nombreux documents audiovisuels se décrypte à l'aune de la théorie de l'évolution du naturaliste Charles Darwin.
«Un parcours qui laisse autant de questions en suspens qu'il interroge le visiteur sur sa propre sexualité et sur la relation entre amour, sexe et reproduction», remarque Marie Pichard, commissaire de l'exposition, interrogée par l'AFP.
Renards «collés» par les fesses
A Londres, où elle a été présentée l'année dernière sous le titre «Sexual Nature», l'exposition était destinée «aux adultes et aux plus de 16 ans». Le visiteur peut y découvrir des animaux en pleine action, mais naturalisés, des lapins bien sûr, mais aussi des hérissons, des renards... Pas de quoi fouetter un chat, mais sans doute de quoi susciter des interrogations: pourquoi les renards sont-ils «collés» par les fesses?
Plus de 100 spécimens d'animaux naturalisés provenant des collections du Museum d'Histoire Naturelle, dont le spectaculaire faisan Grand Argus, sont exposés, mis en valeur par «une scénographie plutôt sobre». Photographies et films jalonnent le parcours.
Anecdotes animalières et curiosités naturelles sont expliquées par un propos scientifique, mais l'humour a sa place, en particulier grâce à huit court-métrages intitulés «Green porno», réalisés et interprétés par la célèbre actrice italienne Isabella Rossellini.
L'un des postulats de base de l'installation est que «la reproduction sexuée n'est ni le mode le plus simple, ni le plus efficace qu'a trouvé la nature pour que les espèces puissent transmettre leurs gènes et ainsi assurer leur pérennité », comme le souligne à l'agence SIPA Marie Canard, responsable de l'unité Sciences de la Vie du Palais de la Découverte.
Taux d'homosexualité élevé
L'exposition prouve, qu'en matière d'orientation sexuelle, l'être humain n'a une fois encore rien inventé. Qu'est-ce qui peut bien motiver ces couples mâles de mouettes rieuses qui s'accouplent et restent fidèles le temps d'une saison, et vont jusqu'à adopter et couver à tour de rôle un oeuf abandonné puis élever ensemble l'oisillon une fois né.
Les ornithologues continuent d'ailleurs de se gratter la tête puisque les statistiques nous apprennent que 20% de la population mâle de cette espèce est «régulièrement homosexuelle».
Pour être sûre de faire le bon choix, la femelle émeu, un oiseau coureur proche de l'autruche, fait asseoir sur son dos chacun de ses prétendants. C'est le plus lourd d'entre eux qui aura le droit de la féconder, la femelle estimant ainsi qu'il possède les réserves nécessaires à assurer sa survie et celle de l'oeuf unique qu'elle pondra après leur union.