MotocyclismeQuand triomphe la sérénité...
Le doublé Suzuki du jour et le titre à venir de Joan Mir rappellent à l’envi que même au plus haut niveau de la compétition, la sérénité reste une arme essentielle.
- par
- Jean-Claude Schertenleib

Les Suzuki à la fête.
Suzuki, la force tranquille triomphante
Un doublé – Joan Mir devant Alex Rins -, un leadership renforcé pour le premier nommé: Mir aura une première balle de match – ou plutôt une course de titre – dimanche prochain. Il compte désormais 37 points d’avance sur ses deux premiers poursuivants, son voisin de stand Alex Rins et Fabio Quartararo, le grand perdant du jour. Ce doublé des «bleu», c’est celui de la sérénité. Alors que la tension est latente chez Ducati – Andrea Dovizioso a en plus avoué ce soir qu’il ne se sentait pas bien depuis le début de l’après-midi, «mais les symptômes ne semblent pas être ceux du Covid-19, on verra bien lundi, quand je me soumettrai à un nouveau test» -, la situation est terrible chez Yamaha. Maverick Viñales comme Valentino Rossi n’ont d’ailleurs pas la langue dans leur poche: «C’est simple, nous n’avons ni la vitesse, ni la puissance, ni la fiabilité.» Une situation confirmée par la course obligatoirement défensive de Morbidelli (onzième), alors que Fabio Quartararo, lui, a craqué depuis qu’il a compris que face à Suzuki, c’était mission impossible.
Rossi en a presque rigolé
La course de Valentino Rossi s’est arrêtée au quatrième tour: «En ouvrant les gaz à la sortie du virage No 4, la moto s’est soudainement tue. Je ne me suis même pas énervé, j’en ai presque rigolé. On m’a dit que c’était un problème qui n’était plus arrivé depuis 12 ans, mais le moteur n’a pas cassé. Quelque chose ne fonctionne plus, chez nous. Habituellement, soit vous avez un moteur rapide, mais fragile, soit une motorisation plus lente, mais fiable. Or, les nôtres sont lents... et cassent», explique Rossi. Qui n’a pas manqué de féliciter son ancien team manager Davide Brivio, aujourd’hui à la tête du team Suzuki: «Vous avez été grandioses, bravo!» Et Brivio, grand seigneur, de répondre: «La plupart de choses, je les ai appris à tes côtés; je suis désolé de les utiliser désormais contre toi.»
Lüthi: vivement le 26 novembre!
Ne jamais mettre de l’huile sur le feu, même si c’est trop tard: tout le monde a compris que l’incendie brûle entre Thomas Lüthi et le team Liqui Moly Intact GP. Extraits du communiqué de presse du jour: «Je ne peux pas encore vraiment expliquer ce qui s’est passé aujourd’hui, mais quelque chose n’a pas fonctionné. J’avais un vrai problème à chaque accélération, aucune chance de rester au contact. Je ne veux pas spéculer avant de savoir concrètement la nature du mal», dixit Tom Lüthi. Dans la même source d’informations, la version du patron, Jürgen Lingg: «Hier, nous n’avons pas été chanceux lors du poker des pneus en qualification, mais Tom a montré qu’il pouvait bien faire; ce qui s’est passé aujourd’hui, en revanche, est plus complexe et nous devons analyser le problème dans le calme. Nous allons rester concentrés et nos pilotes doivent se focaliser à 100% sur leur job.» Ce qui semble dire que ce n’était pas le cas ce dimanche. «No comment, je ne dis plus rien à propos du team», prévient Daniel-M. Epp. «Nous donnerons les réponses aux questions que tout le monde se pose sur la piste, l’an prochain.» L’an prochain qui commencera le 26 novembre, déjà: «Oui, le jeudi après la finale de Portimão, Tom roulera pour la première fois à Jerez de la Frontera avec sa nouvelle équipe, histoire de faire connaissance.»
Aegerter attend une réponse
Le Britannique Jake Dixon (Petronas Sprinta Racing) s’est fracturé un poignet vendredi, sa saison est terminée. Dominique Aegerter a immédiatement contacté Johan Stigefelt, le team-manager, au cas où il aurait besoin d’un remplaçant pour les deux dernières courses: «Je n’ai pas encore reçu de réponse», précise «Domi». En plus de sa grande expérience, le Bernois a des atouts à faire valoir: il a roulé en Moto2 sur le circuit de Cheste il y a dix jours (deux podiums en championnat d’Europe) et il connaît Portimão, pour y avoir testé une Honda superbike.
Dupasquier: que d’émotions!
Après avoir, la veille, obtenu sa meilleure qualification de l’année (20e), le Fribourgeois Jason Dupasquier a connu un dimanche animé: «Ce matin, les 20 minutes du warm-up étaient essentielles puisque, pour la première fois du week-end, nous roulions sur une piste sèche, même si quelques zones d’humidité persistaient. Malheureusement, j’y ai connu un problème technique.» Ayant ramené sa moto en panne à son stand et ayant ignoré un drapeau noir bardé d’un cercle orange – arrêt immédiat, pour problème technique -, le Fribourgeois a été puni d’un «long lap». Il termine néanmoins dix-huitième de la course, à un peu plus d’une seconde de son premier point mondial. «J’espère vraiment que nous allons enfin le marquer dimanche prochain», ajoute le rookie.