Innovation franco-suisseQuelle transition énergétique pour l'espace Rhône-Léman?
Scientifiques et industriels de France et de Suisse se réunissent lundi et mardi à Lausanne pour discuter de la transition énergétique. Au menu: échanges et projets de partenariats technologiques transfrontaliers.

Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann est présent au premier forum de l'innovation franco-suisse. Le but: discuter de la transition énergétique sans nucléaire.
«Réunir les atouts d'un grand espace Rhône-Léman». Tel est le but de cette réunion, explique l'ambassadeur de France à Berne Michel Duclos. Les conseillers d'Etat genevois François Longchamp, vaudois Anne-Catherine Lyon et valaisan Jean-Michel Cina, ainsi que le président de la région Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne sont aussi présents.
Les deux pays souhaitent réduire - totalement ou en partie - leur dépendance à l'énergie nucléaire et sont confrontés à des défis similaires, comme le stockage de l'énergie ou la sécurité de l'approvisionnement, assure M. Duclos. Ils ont donc tout intérêt à se concerter.
Une quarantaine d'entreprises
L'objectif de ce forum, organisé à l'Université de Lausanne (UNIL), est de «confronter les expériences et savoir-faire des deux côtés de la frontière», de «susciter des partenariats dans les domaines de la transition énergétique» et de «favoriser les rapprochements entre entreprises pour répondre conjointement aux appels d'offre européens», selon un communiqué des organisateurs (ambassade de France, UBIFRANCE et UNIL).
Au total, une quarantaine de sociétés françaises et suisses prendront part à ce rendez-vous. Parmi elles, figurent de grands groupes comme Holcim, Alpiq, Groupe E, Romande Energie, Alstom Thermal Power, GDF Suez ou Losinger-Marazzi. Mais également des PME ou le Centre suisse d'électrotechnique et de microtechnique (CSEM) à Neuchâtel.
Hommage au «tigre helvétique»
Loin des clichés qui collent souvent à la Suisse dans l'imaginaire collectif français, M. Duclos salue la vitalité d'un «tigre helvétique». A ses yeux, la Confédération constitue un modèle de compétitivité et d'innovation.
Selon lui, la Suisse dispose de «pôles de recherche remarquables», «tout comme la France». Mais ce qui fait sa particularité, c'est sa capacité d'innovation, qui permet d'opérer des transferts de la recherche au tissu économique.
A l'avenir, l'ambassadeur envisage de renouveler l'expérience dans un autre domaine lié à l'innovation et avec d'autres partenaires. D'ailleurs, la France vient «s'inspirer» de la Suisse en matière de recherche et d'innovation, a indiqué lundi Geneviève Fioraso. La ministre française de l'enseignement supérieur et de la recherche a souligné l'importance «cruciale» de la formation dans la lutte contre le chômage des jeunes.
La Suisse inspire la France Au côté du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, Geneviève Fioraso s'est brièvement adressée à la presse. Jusqu'à mardi, scientifiques et industriels sont réunis pour discuter de la transition énergétique. La Suisse est «un partenaire ancien, fidèle et efficace» sur les enjeux scientifiques et de formation, s'est félicitée la ministre. Elle a relevé la volonté française de «s'inspirer» du développement réussi en Suisse entre la recherche et ses débouchés «en innovations et en emplois».
«En Suisse, vous avez toujours à l'esprit le lien entre recherche et milieux économiques», a poursuivi Geneviève Fioraso. Pour la France, cette «évolution culturelle» est en marche. Les slogans du genre «le cerveau n'est pas à vendre à l'économie» appartiennent «au passé» , a assuré la ministre.
Le développement des filières techniques est «capital» lorsque le chômage des jeunes atteint 50% en Espagne et 25% en France. Il faut des «chercheurs citoyens qui ne sont pas sur une presqu'île mais au coeur du redressement du pays», a lancé Geneviève Fioraso. Dans son discours écrit, la ministre a rappelé qu'un projet de loi venait d'être voté par le parlement. Il inscrit pour la première fois que le «transfert des résultats de la recherche vers le secteur socio-économique» est une priorité politique de la France.
Une «Rhône-Alpes Valley» ?
Geneviève Fioraso a lancé aussi l'idée d'une «Rhône-Alpes Valley for sustainable energy» en raison des nombreux centres de compétences qui s'y trouvent. Elle a cité l'EPFL et son futur campus de Sion consacré aux énergies nouvelles, l'Institut français du pétrole-énergies nouvelles à Lyon, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies renouvelables à Grenoble et l'Institut national de l'énergie solaire à Chambéry. Interrogée sur la politique française à l'égard du nucléaire, la ministre a noté que la France faisait presque figure «d'exception» mondiale avec 78% de l'électricité d'origine nucléaire. Le gouvernement Hollande veut ramener cette part à 50%. «Il y a une volonté forte de rattraper un certain retard», selon elle.
Ce forum est «un signe fort» de la volonté de la Suisse et de la France de «collaborer», a souligné pour sa part Johann Schneider-Ammann. «Pour réduire le chômage, il nous faut une formation professionnelle de la meilleure qualité», a déclaré le responsable du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche.