Polémique: Qui sont ces 49 Suisses qui touchent la «rente nazie»?

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PolémiqueQui sont ces 49 Suisses qui touchent la «rente nazie»?

Plus de 2000 personnes dans le monde dont une cinquantaine en Suisse touchent de l'argent pour avoir servi Hitler. Le point sur cette affaire ahurissante.

Renaud Michiels
infographie Yannick Michel
par
Renaud Michiels
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infographie Yannick Michel
Le décret à l'origine de ces pensions nazies toujours versées aujourd'hui avait été signé par Hitler en 1941.

Le décret à l'origine de ces pensions nazies toujours versées aujourd'hui avait été signé par Hitler en 1941.

AP

Le scandale a éclaté la semaine dernière en Belgique. On apprenait alors qu'une vingtaine de retraités belges touchent aujourd'hui encore une pension de l'Allemagne pour récompenser leur «fidélité à Hitler». Et le Plat Pays ne sait pas de qui il s'agit ni quel est leur passé, l'Allemagne refusant de divulguer ces informations.

Depuis, face à la pression, l'Allemagne a lâché un peu de lest. Donnant peu de détails mais proposant une vue globale de la situation. Et le scandale est devenu planétaire: 2033 personnes dans le monde répartis dans une cinquantaine de pays sont encore rémunérées mois après mois pour avoir participé à l'effort de guerre du IIIe Reich.

Presque partout en Europe

«Bild» a publié le détail par pays. On trouve 250 de ces pensions aux États-Unis, 121 au Canada, 18 au Brésil, 9 en Afrique du Sud ou 8 en Argentine, pays où s'étaient réfugiés plusieurs anciens nazis.

Mais comme on le voit sur notre infographie, ci dessous, ces pensionnaires se trouvent surtout en Europe. On en trouve presque dans chaque pays. Au total, on en dénombre près de 1500 sur le Vieux-Continent, dont 49 en Suisse.

Toujours selon les données du ministère allemand du Travail, l'Allemagne verse 787 740 euros par mois pour ces 2033 rentes. Mais qui sont ces personnes qui en bénéficient? Et qu'ont-elles fait durant la guerre?

Ces retraites datent d'un décret signé en 1941 par Adolf Hitler lui-même, destiné à attirer des combattants non Allemands. En échange de la nationalité allemande et d'une prime récompensant leur «fidélité, loyauté et obéissance» au IIIe Reich. «La grande majorité des bénéficiaires d'allocations sont probablement d'anciens membres d'organisations nazies, y compris les Waffen SS», tranche «Bild».

Des profils très différents

Une affirmation relativisée par d'autres sources, la pension étant manifestement versée à des profils très différents. Ainsi, en Belgique, elle serait par exemple touchée par des Belges qui s'étaient engagés dans les Waffen SS et avaient pleinement épousé l'idéologie nazie. Mais aussi apparemment à des personnes germanophones enrôlées de force dans la Wehrmacht.

Ajoutons que théoriquement, quelqu'un qui a commis des crimes de guerre ne peut pas obtenir cet argent. Mais plusieurs spécialistes affirment que ce n'est que théorique: les cas auraient été «vérifiés» avec peu de sérieux dans les années cinquante.

Implication de près ou de loin

Alors qui sont les 49 Suisses concernés? Tous sont nonagénaires voire centenaires. Mais ici aussi on trouve certainement des personnes au passé très différent. Sur cette petite cinquantaine plusieurs sont probablement des Allemands établis en Suisse. Qui peuvent avoir un passé nazi. Mais aussi avoir été dans l'armée régulière ou dans d'autres forces. Idem pour les Suisses.

Reste que tous, de près ou de loin, ont tout de même participé à l'effort de guerre nazi. Selon des estimations d'historiens, 2000 Suisses avaient d'ailleurs rejoint les SS au début de la guerre. On ne peut pas exclure qu'une poignée soit encore vivants.

Une blessure, pas d'impôts

Tant que l'Allemagne refusera d'identifier ces personnes on n'en saura pas beaucoup plus. Mais les 2033 rentiers ont tout de même tous deux points en commun. Comme les 49 en Suisse. Comme il s'agit d'une pension d'invalidité, tous avaient été blessés. Et puisqu'ils n'ont jamais été identifiés, leur argent perçu depuis des décennies n'a certainement jamais été déclaré ni taxé.

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