CyclismeRadiation d'Armstrong: le début d'une bataille de pouvoir
L'annonce de la radiation à vie du cyclisme professionnel de Lance Armstrong et du retrait de ses sept victoires au Tour de France n'a pas surpris Martial Saugy, directeur du Laboratoire suisse d'analyse du dopage (LAD).
La nouvelle est tombée dans la nuit (heure suisse): suite à l'annonce de la décision du Tribunal d'Austin, au Texas, de rejeter le recours de Lance Armstrong contre l'Agence américaine antidopage (USADA), l'ancien champion cycliste a annoncé - de guerre lasse - qu'il acceptait les sanctions de l'USADA. L'Agence américaine l'accuse de dopage tout au long de la période 1999-2005.
Lance Armstrong, qui a toujours farouchement nié s'être dopé au cours de sa carrière, soutenait que l'Agence américaine antidopage n'était pas compétente pour le poursuivre.
L'ancien coureur cycliste avait demandé un arbitrage en justice, estimant que ses droits constitutionnels avaient été violés. L'USADA accusait Armstrong d'avoir utilisé des substances interdites, notamment de l'EPO et des stéroïdes, ainsi que des transfusions sanguines depuis 1986.
Interrogé au micro de RTS La Première, Martial Saugy, directeur du Laboratoire suisse d'analyse du dopage (LAD) et biologiste, a donné son avis sur les conséquences de cette radiation.
«Il nous faudra un peu plus de recul par rapport à cette décision pour pouvoir savoir si c'est véritablement une victoire. Je pense, personnellement, qu'une grosse bataille juridique va se mettre en place, même si ce n'est pas par Lance Armstrong lui-même. Des organes sportifs vont remettre en question la possibilité pour une agence antidopage de radier des coureurs des palmarès de compétitions », a déclaré Martial Saugy.
Longue bataille juridique en vue
A la question de savoir si cette décision l'avait surpris, le directeur du Laboratoire suisse d'analyse du dopage a répondu: «La décision ne m'a pas surpris. On sait que l'USADA travaille, depuis quelques années, sur le cas Lance Armstrong. On se souvient qu'en 2005, des résultats des analyses du Tour de France 1999 avaient été rendues publiques, mais là également, c'était au niveau juridique. Il ne s'agissait pas pour l'UCI de cacher les résultats de cette édition du Tour, il était juste question de rendre un verdict dans le cadre juridique tel qu'il est défini par le code mondial antidopage. Il faut laisser la possibilité à l'athlète de pouvoir défendre ses droits par le biais d'une contre-expertise. Or à l'époque, il n'y avait pas de possibilité de contre-expertise ».
Reste à savoir aussi quelle position l'Union cycliste internationale (UCI) va adopter après la procédure engagée par USADA. L'UCI a répété être la seule juridiction apte à prononcer une radiation à vie, ce que conteste d'ailleurs l'Agence américaine antidopage. Cela préfigure-t-il d'une nouvelle querelle?
Martial Saugy le pense: «Oui certainement parce que tout cela est réglé par le code mondial antidopage qui est approuvé à la fois par les gouvernements et les instances sportives, et donc là je pense que c'est une question d'interprétation qui va se mettre en place. Effectivement, il y a pour moi une assez grande bataille de pouvoir qui va avoir lieu».
La réaction de l'Agence mondiale antidopage
Le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), John Fahey, a également fait part de sa réaction au micro de la radio australienne ABC. Il a regretté que Lance Armstrong ne puisse s'expliquer devant un tribunal après sa décision de renoncer à poursuivre sa bataille judiciaire contre l'Agence américaine antidopage (USADA).
«J'aurais aimé que les accusations, les insinuations, les rumeurs qui courent depuis des années soient examinées par un tribunal en audience publique dans le cadre d'une procédure juste, quelle qu'en soit l'issue, pour que le monde entier connaisse les faits», a déclaré le président de l'Agence mondiale antidopage.