Japon - FukushimaRadiations responsables du cancer d'un travailleur
Le ministère japonais de la Santé a annoncé que la mort d'un homme était bel et bien due à son exposition à la radioactivité. Une première pour le pays.

C'est une première pour le pays. Le Japon a reconnu que l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima était à l'origine de la mort d'un trentenaire.
Le gouvernement japonais a reconnu que la leucémie d'un travailleur de la centrale accidentée de Fukushima était due aux radiations, a annoncé mardi le ministère de la Santé. c'est la première fois que l'exposition à la radioactivité sur le site est officiellement mise en cause dans le déclenchement de la maladie.
«Ce cas remplit les conditions» pour la reconnaissance, a expliqué un fonctionnaire du ministère devant la presse, à Tokyo. L'ex-ouvrier était trentenaire, lorsqu'il a travaillé d'octobre 2012 à décembre 2013 à la centrale Fukushima Daiichi. Aujourd'hui âgé de 41 ans selon les médias, il a aussi passé plusieurs mois auparavant sur un site nucléaire différent, a précisé le ministère. Ses frais médicaux seront intégralement pris en charge et il sera dédommagé pour son incapacité de travailler, selon les autorités.
«Il s'agit d'un employé d'une entreprise intervenant à Fukushima et non d'un salarié de Tokyo Electric Power (Tepco)», a indiqué de son côté à l'AFP un porte-parole de cette compagnie exploitante de la centrale. Tout en disant ne pas être en position de commenter ce cas, Tepco a exprimé sa compassion à l'égard de la victime et réaffirmé son engagement à réduire les niveaux d'expositions des travailleurs du site, au nombre de 7000 par jour.
Trois autres cas à examiner
Le site de Fukushima Daiichi avait été saccagé par un tsunami le 11 mars 2011. Outre cette première reconnaissance, trois cas sont en cours d'examen, a précisé le ministère. Il avait précédemment écarté plusieurs autres dossiers soumis par d'ex-travailleurs.
Trois des six réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi étaient entrés en fusion quelques heures après le raz-de-marée meurtrier qui a ravagé la côte nord-est de l'archipel il y a quatre ans et demi, provoquant la mort de quelque 18'500 personnes. Des explosions d'hydrogène s'étaient ensuite produites, détruisant des bâtiments du site et de très importantes quantités d'éléments radioactifs se sont échappées.
Des milliers de travailleurs se sont relayés quotidiennement sur place depuis pour reprendre le contrôle des installations, mettre en place des moyens d'urgence afin d'arroser et refroidir les réacteurs, retirer des détritus contaminés, tenter de gérer les centaines de milliers de tonnes d'eau radioactive et préparer le démantèlement.
Limite annuelle
La limite annuelle d'exposition des travailleurs avait ponctuellement été élevée durant le pic de la crise. Elle a ensuite été ramenée à un niveau plus habituel pour les ouvriers du secteur.
Officiellement, nul n'est décédé en raison de son exposition aux radiations après la catastrophe de la centrale Fukushima Daiichi, le pire accident atomique dans le monde depuis celui de Tchernobyl en 1986 en Ukraine.
Même la mort par cancer de celui qui était directeur de la centrale au moment de l'accident, Masao Yoshida, n'est officiellement pas liée aux radiations reçues à ce moment. M. Yoshida, décédé en juillet 2013, était présent à Fukushima Daiichi au moment du drame et a oeuvré d'arrache-pied sur le site pendant les six mois suivants.
Une «décision qui fera date»
Le cas reconnu mardi est ainsi le premier concernant l'accident de Fukushima, même si, dans le passé, les cancers de 13 travailleurs du secteur nucléaire (non impliqués dans les travaux à Fukushima) avaient été attribués à une exposition aux radiations.
«C'est une décision qui fera date du point de vue des droits des travailleurs», a commenté Shinzo Kimura, de l'Université de médecine Dokkyo, qui s'attend à beaucoup d'autres.
Plusieurs milliers de travailleurs sur les près de 45.000 étant intervenus sur le site ont en effet reçu des doses pouvant potentiellement entraîner un cancer, selon les critères des autorités et les chiffres d'exposition publiés par Tepco.
«C'est un coup dur pour l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui a jugé en septembre que peu d'effets sur la santé étaient à redouter de la catastrophe de Fukushima», a renchéri l'association écologiste Greenpeace.
Concernant le grand public, des examens ont été pratiqués notamment sur les plus de 300'000 enfants de moins de 18 ans qui résidaient en 2011 dans la préfecture de Fukushima. Plus de 100 cas de cancer de la thyroïde avérés ou fortement soupçonnés ont jusqu'à présent été détectés.
Toutefois, selon les experts impliqués dans cette surveillance, il est difficile de les attribuer aux effets de Fukushima du fait de l'absence de base de référence antérieure concernant la fréquence de ce type de pathologie sur les adolescents de la région et compte tenu des délais jugés trop courts entre l'accident et l'apparition de ces cas.