Maltraitance«Raffy» s'habitue à sa prothèse
Le labrador tabassé et amputé cet été marche désormais sur quatre «pattes». C'est une société carougeoise (GE) qui a réalisé cet appareillage sophistiqué.
- par
- Valérie Duby

La nouvelle patte de «Raffy» a été modélisée en 3D par l'orthopédiste Sébastien Barth.
«Le voir marcher sur son moignon, cela faisait mal au cœur», raconte Sébastien Barth, quand il a vu arriver «Raffy» la première fois dans les locaux de l'entreprise Giglio Partner Orthopédie, à Carouge (GE). Mais, aujourd'hui, un peu plus de deux mois après avoir été tabassé et amputé, le labrador de 12 ans «revit». Il peut remarcher pour ainsi dire normalement, grâce à sa prothèse.
Dans les locaux de cette société de technique orthopédique qui conçoit et réalise des orthèses, des prothèses et des chaussures sur mesure, on a peu l'occasion de s'occuper d'animaux. Responsable recherche et développement, Tony Giglio se souvient avoir, il y a plusieurs années, fabriqué un appareillage pour un chat écrasé par une voiture. «Un échec, explique-t-il, l'animal ne supportait pas le truc. Mais dans notre métier on fait du prototypage, c'est ce qui est intéressant!» Après que le Dr Wolfgang Uebersax, le vétérinaire de la Clinique des Tuileries, a contacté Sébastien Barth au sujet de «Raffy», il a fallu se documenter sur l'anatomie du chien. «Le Dr Uebersax avait pensé à une sorte de chausson», indique Sébastien Barth.
Scanner en 3D
Premier rendez-vous avec le labrador et ses propriétaires dans la manufacture carougeoise pour prendre les mesures. Armé d'un scanner portable, le technicien en orthopédie doit normalement «photographier» le membre en 3D. Un logiciel de modélisation livre ensuite un moulage numérique précis.
Sur un chien qui, par définition, bouge, l'exercice s'avère un peu plus délicat. «On a finalement plâtré la patte et ensuite seulement scanné le plâtre», explique Sébastien Barth. Le résultat? Une prothèse articulée blanche et aux sangles autogrippantes couleur chair, presque de la même couleur que le pelage de «Raffy». Afin que les poils ne «macèrent pas dans la prothèse», on a utilisé non pas du silicone mais de la mousse de polyéthylène. Et une petite patte a été créée avec un revêtement antidérapant. «On a fait au plus simple pour que l'entretien soit facile», ajoute le technicien.
Lors du deuxième rendez-vous, la prothèse a été essayée sur l'animal, qui n'a même pas tenté de l'enlever. «Depuis, il la porte toute la journée, sauf la nuit, précise le Dr Wolfgang Uebersax. Le chien est quasi cent pour cent fonctionnel.»
Audience prochaine
La triste histoire de «Raffy» n'est pas pour autant terminée. Elle se poursuit devant la justice. Les avocats des propriétaires du labrador, Mes Valérie Pache Havel et Jacques Barillon, n'entendent pas en l'état commenter l'affaire. Une audience aura lieu prochainement devant le ministère public.