SuisseRecul continu du taux de syndicalisation
Le taux de syndicalisation continue à reculer depuis dix ans. A terme, la survie financière des syndicats pourrait être menacée.

Le plus gros syndicat de Suisse, Unia, a réussi à stopper la tendance à la baisse.
«Le phénomène de tertiarisation de l'économie nous pénalise car traditionnellement nous sommes bien implantés dans l'industrie et l'artisanat, observe Ewald Ackermann, du service de communication de l'Union syndicale suisse (USS). De plus, même dans le secondaire, les cols blancs (ingénieurs) augmentent au détriment des cols bleus (ouvriers)».
La faute aux crises économiques
«L'emploi progresse dans des branches où tendanciellement les employés sont davantage qualifiés et où ils sont moins intéressés à adhérer à un syndicat», observe Susanne Blank, responsable de la politique économique à Travail.Suisse.
Autre changement défavorable: dans les ex-régies fédérales, le personnel était traditionnellement très syndiqué mais celles-ci ont perdu beaucoup d'emplois, note Daniel Oesch, professeur assistant à l'Institut des sciences sociales de l'Université de Lausanne. De plus, «les syndicats sont touchés par l'individualisation de la société et l'affaiblissement des organisations collectives.»
Selon Ewald Ackermann, «les crises économiques ont également fait perdre des membres. Si une personne adhère à un syndicat, elle espère une prestation durable dans sa branche en contrepartie de sa cotisation de 300-700 francs. Mais en cas d'incertitudes économiques ou de chômage, beaucoup sont enclins à renoncer à se syndiquer».
Dans les faits, le taux de syndicalisation en Suisse est passé de de 23,8% en 2001, avec même un pic de 25% en 2002, à 21,3% en 2010. L'USS comptait 368'752 membres à fin 2011, contre encore 384'179 à fin 2001. Travail.Suisse recensait 164'522 membres à fin 2011.
Déclin pas généralisé
Le déclin n'est toutefois pas généralisé. L' Association faîtière des enseignants alémaniques, le Syndicat des services publics et les fonctionnaires de police ont notamment vu leurs membres augmenter ces dernières années.
Le plus gros syndicat de Suisse, Unia, a aussi réussi à stopper la tendance à la baisse: ses effectifs ont crû de 0,1% de 2010 à 2011 à 193'518 personnes. «Il s'investit davantage dans le tertiaire et est mieux implanté qu'autrefois dans la vente et dans l'hôtellerie-restauration», observe le porte-parole de l'USS.
Syna a également pu enrayer la spirale négative observée depuis 2007, grâce à une hausse des membres collectifs. En 2011, le syndicat comptait 41'202 membres individuels et 18'895 membres collectifs, contre respectivement 41'200 et 18'680 en 2010.
Survie financière
Si les syndicats tiennent tant à leurs membres, c'est aussi parce qu'ils jouent leur survie financière. Syna indique être «heureusement» dans les chiffres noirs depuis 2006 et en bonne posture financière, selon des informations de Kurt Regotz, son président.
«Comme 95% du financement vient des cotisations des membres de l'USS, si leur nombre recule beaucoup, les prestations vont devoir être réduites et l'attractivité du syndicat va baisser, ce qui va faire encore diminuer le nombre de membres. Il devient difficile alors de briser ce cercle vicieux», précise Ewald Ackermann.
Certes, les syndicats sont également alimentés par les fonds paritaires mais cet argent sert uniquement au contrôle du fonctionnement de la convention collective ou pour organiser des formations. Il n'est pas là pour financer le fonctionnement du syndicat, conclut Ewald Ackermann. Dans le cas de l'assurance chômage, l'argent ne fait également que transiter dans les caisses syndicales.