ValaisRéférendum contre les coupes dans l'éducation
La fédération des fonctionnaires lance un référendum contre un plan de mesures d'économies qui touchera notamment l'école.
- par
- Melina Schroeter

«Le Valais n'est pas dans une situation de crise économique. La seule crise est celle des finances publiques.» C'est forte de cet argument que la Fédération des Magistrats, des Enseignants et du Personnel de l'Etat du Valais (FMEP) – par la voix de sa présidente Marylène Volpi-Fournier – a déposé ce matin à Sion les 9000 signatures de son «Référendum contre la 1re phase de l'examen des tâches et des structures de l'Etat (ETS1)». Autrement dit, un train de mesures d'économies décidé par décret le 12 mars dernier, soit 40 à 45 millions dont une vingtaine dans le secteur de l'école.
Huitante postes d'enseignants supprimés
Selon la FMEP, ce sont notamment des baisses d'impôts répétées durant ces dix dernières années qui sont responsables de cette crise des finances publiques. «Il est impensable de baisser les prestations de l'école – donc de prétériter l'avenir de tout notre canton – pour renflouer des caisses qu'une mauvaise gestion des recettes a vidées, s'insurge notamment Marylène Volpi-Fournier. Ce d'autant que des coupes budgétaires ont déjà eu lieu dans le domaine de l'école à hauteur de 13,5 millions de perte de masse salariale, soit environ 80 postes d'enseignants en moins. Lorsque des emplois sont perdus à l'aéroport de Sion ou à la Lonza, tous les politiciens se mobilisent, à raison. Mais pour ces 80 emplois, on n'a entendu personne. Pour les signataires du référendum, issus de tous les milieux et non seulement du corps enseignant, c'est l'école de nos enfants qu'il faut protéger et non des privilèges. Lorsque l'on supprime des heures d'étude surveillée, cela enlève une heure à un enseignant. Pour lui ça n'est pas grave. Mais pour 25 élèves, ça veut dire une suppression du soutien scolaire, pas de suivi après l'école pour des enfants qui souvent en ont un besoin aigu.»
«Report de charges sur les communes»
Si l'école sera au centre de la campagne, les référendaires se défendent d'être à l'origine d'une action uniquement menée par les enseignants. «Cette votation posera une question plus générale: dans quelle société voulons nous vivre? Une société où règne une certaines égalité, où l'on accès à une éducation, des soins, un service public, une justice de qualité quelle que soit sa condition sociale? Ou une société à deux vitesses où seules les personnes qui ont de l'argent peuvent avoir accès aux meilleures prestations?»
Selon la FMEP, les économies prévues par ETS1 ne feront que reporter les dépenses abandonnées par l'Etat sur les communes ou les individus. «Si l'Etat ne subventionne plus le ramassage scolaire, les communes doivent prendre le relais. La prestation qui ne sera plus payée dans les impôts cantonaux entrera dans les impôts communaux. Ou alors elle disparaîtra et les parents devront trouver – et donc payer – une solution privée.»
Si Marylène Volpi-Fournier s'attend à une campagne difficile, elle espère provoquer un vrai débat sur la fonction publique et sur l'impôt. «Nous sommes déjà la fonction publique la plus fit et la moins chère en comparaison intercantonale Et elle fonctionne bien. Combien de fois les enseignants font-il grève? Combien de fois les ordures ne sont-elles pas ramassées? Les routes pas déblayées? En regardant chez nos voisins Français ou Italiens, on voit que pour beaucoup plus d'impôts qu'ici, rien ne fonctionne.»
Un second décret, ETS2, sera présenté au mois de septembre 2014 devant le Grand Conseil, avec des nouvelles coupes prévues. La FMEP estime que la votation contre ETS1 aura lieu le 30 novembre prochain.