CinémaRidley Scott: «La NASA a adoré mon film!»
Avec «Seul sur Mars», le réalisateur signe un récit de survie captivant et non dénué d'humour.
- par
- Miguel Cid ,
- Londres
A 77 ans, Sir Ridley Scott n'est pas près de prendre sa retraite. De retour dans la science-fiction, le père d'«Alien» signe avec «Seul sur Mars» un passionnant film de survie dans l'espace qui emballe la critique anglo-saxonne et vient de démarrer en trombe aux Etats-Unis. Rencontre dans un palace londonien.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet?
Pour moi, tout se joue au niveau de l'écriture. Je passe le plus clair de mon temps à développer des scénarios, à partir de livres ou d'idées originales. Quand un bouquin est aussi bon que «Seul sur Mars», cela me facilite la tâche. J'adore son auteur, Andy Weir, qui est un type drôle à mourir. C'est lui qui est responsable de la musique qu'on entend dans le film (ndlr: le héros n'a que la playlist disco de son ancienne coéquipière comme compagnon sur Mars).
Il est beaucoup question de science dans ce film. Pourquoi n'avez-vous pas recréé la gravité réelle qui existe sur Mars?
Il y a deux choses dans le film qui ne collent pas à la réalité. La première, c'est qu'une tempête pareille ne pourrait pas avoir lieu sur Mars parce qu'il n'y a pas d'atmosphère. Je l'ai tout de suite signalé à Drew Goddard, le scénariste, qui m'a répondu: «Je sais. Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse?» La NASA nous a dit: «Faites comme vous voulez. C'est un film!» Cela dit, la NASA a adoré «Seul sur Mars». Elle l'a projeté dans sa Station spatiale internationale il y a quelques jours… L'autre inexactitude, c'est que la gravité sur Mars est de 40%. Mais on ne peut pas faire un film où tout tourne au ralenti. Vous décamperiez du cinéma après 20 minutes.
A quelle étape d'un film savez-vous à quoi il va ressembler visuellement?
Dès que je lis le scénario, ou alors j'ai comme un flash. Lorsque Walter Parks, le président des studios Deamworks, est venu me proposer «Gladiator», il m'a juste montré une photo d'un tableau de Jean-Léon Gérôme, un peintre français du XIXe siècle qui peignait la vie dans la Rome et la Grèce antiques. Ce tableau représentait une vue de l'arène du Colisée et était intitulé «A ceux qui sont sur le point de mourir». Debout devant un homme à terre, prisonnier d'un filet, se tenait un Romain sur le point de le tuer. Et sur cette base, j'ai dit oui sur-le-champ.
Que pouvez-vous nous dire sur la suite de «Prometheus»?
Je commence le tournage fin février. Nous sommes en train d'écrire, d'astiquer le scénario. J'ai fait «Prometheus» parce que j'ai trouvé qu'après quatre films, la créature d'Alien et son histoire étaient arrivées en bout de course. Ensuite, ils ont décidé de faire des trucs comme «Alien vs Predator»… (Soupir.) Je me suis dit qu'on avait fichu en l'air ma créature. J'ai donc eu envie de revisiter l'univers d'«Alien» parce qu'on n'a jamais expliqué pourquoi le monstre a évolué et qui est derrière tout ça.
Quid d'«Alien 5», réalisé par Neill Blomkamp?
Je produis le film qui existe surtout pour garder Sigourney Weaver dans la saga. Il sortira après «Prometheus 2». Je ne veux pas qu'il y ait de confusion.
Comment menez-vous votre carrière depuis bientôt 40 ans?
Mon plan, c'est que je n'ai pas de plan. Je ne sais jamais vraiment quel sera mon prochain projet, mais j'ai plusieurs films déjà écrits en réserve. Je rêve aussi de tourner un western. Les westerns sont désespérément démodés aujourd'hui et je sais comment remédier à ça.