IndustrieRieter va supprimer 150 emplois à Winterthour
Le fabricant zurichois de machines et composants pour le textile a annoncé la suppression de 150 des 855 emplois de son site historique. Le franc fort est en cause.

L'industriel Rieter, dont le siège est à Winterthour.
Souffrant du franc fort et d'une faible demande pour ses nouvelles machines textiles, Rieter prévoit de supprimer 150 des 855 emplois de son site historique de Winterthour. Le fabricant zurichois, qui produit aussi des composants, veut réduire ses coûts dans une fourchette comprise entre 15 et 20 millions de francs dès 2017.
La mesure trouve aussi son origine dans la poursuite de la tendance à la délocalisation de l'industrie de la filature vers l'Asie, a indiqué mardi le groupe établi à Winterthour (ZH). Outre la suppression de quelque 150 emplois, Rieter entend également biffer 59 postes de collaborateurs temporaires.
Rieter précise qu'une partie de la réduction d'effectif interviendra par l'entremise des fluctuations naturelles du personnel ainsi que des mesures de retraites anticipées. Toutefois, des licenciements devront inévitablement être prononcés. Un plan social est d'ores et déjà prévu pour les collaborateurs concernés, alors que la procédure de consultation a débuté ce mardi.
La société entend concentrer les activités du site de Winterthour en matière de production sur les opérations de montage, celles d'usinage et de tôlerie étant quant à elles abandonnées. Ces dernières seront transférées vers d'autres usines du groupe ainsi que des sous-traitants.
Réaffectation du site de Winterthour
Dans le cadre de son projet, Rieter élabore un nouveau concept quant à l'utilisation de ses locaux sur son site de Winterthour. Les mesures annoncées mardi se solderont par un investissement d'un montant à un chiffre en millions de francs, alors qu'elles doivent permettre à l'entreprise de réduire ses coûts de 15 à 20 millions à compter de 2017.
Dans son communiqué, Rieter précise que le site de Winterthour affiche un bas niveau d'occupation de ses capacités de production, conséquence d'une faible demande pour ses nouvelles machines au 3e trimestre. Pour ce secteur, soit la division Machines & Systems, les entrées de commandes ont atteint 98,3 millions de francs entre juillet et fin septembre.
En revanche, les entrées d'ordres pour les composants ainsi que les services (entretien et maintenance, notamment). ont évolué de manière favorable, se fixant à 68,2 millions de francs pour les premiers et à 32,3 millions pour les seconds. Au final, les commandes se sont montées à 587,1 millions après neuf mois.
Pour mémoire, ces dernières avaient chuté de 41% en variation annuelle au premier semestre à 388,3 millions de francs. Entre janvier et fin juin, le chiffre d'affaires a cependant progressé de 6% à 553,9 millions alors que le bénéfice net a plus que doublé à 29,1 millions.
Investisseurs rassurés
Si Rieter a pu continuer de bénéficier de marchés globalement stables en Asie au premier semestre, le groupe a cependant souffert de l'affaiblissement des commandes en Turquie. A fin juin, l'entreprise de Winterthour employait au total 5150 salariés, contre 4835 un an auparavant, à la faveur essentiellement d'un effectif étoffé en République tchèque.
La réaction de Rieter à un contexte économique devenu plus difficile a reçu un accueil favorable des investisseurs. Vers 14h50 à la Bourse suisse, le titre du groupe gagnait 1,10% au regard de la clôture de la veille à 156,40 francs, dans un marché élargi dont l'indice Swiss Performance Index (SPI) fléchissait de 0,35%.
Mauvaise solution
En revanche, Employés Suisse a estimé dans un communiqué que les mesures annoncées par Rieter représentent une réaction inappropriée. Alors que la société est bénéficiaire, d'autres possibilités permettant d'éviter des licenciements existent, comme le recours au chômage partiel.
Depuis l'abolition du taux plancher, les annonces de restructurations ont été moins nombreuses que redouté, ajoute Employés Suisse. Toutefois, les signaux quant à de nouvelles vagues de suppressions d'emplois se multiplient.
Le syndicat Unia abonde en ce sens. «C'est un scandale», écrit-t-il en mettant en avant les bénéfices de l'entreprise. Unia dénonce notamment les gains déraisonnables des actionnaires de Rieter et s'interroge sur le rôle joué par les fonds spéculatifs entrés dans le capital du groupe.
Revenant sur ses perspectives pour l'ensemble de l'année, Rieter n'entrevoit aucun changement en la matière. Lors de la présentation de ses résultats semestriels, l'entreprise avait déclaré anticiper un chiffre d'affaires, un bénéfice net et un résultat d'exploitation avant intérêts et impôts (EBIT) inférieurs à ceux de 2014.
Rieter a dégagé l'an passé un bénéfice net de 52,9 millions de francs. L'EBIT s'est établi à 84,6 millions et le chiffre d'affaires à 1,15 milliard. Le fabricant de machines textiles dévoilera ses revenus pour l'exercice en cours le 2 février prochain, la présentation de la performance détaillée étant elle agendée au 15 mars.