BirmanieRohingyas: le cri d'alarme de l'ONU à Genève
Au moins 319 villages ont été partiellement ou totalement détruits depuis août dans l'Etat birman de Rakhine, selon la Mission d'établissement des faits de l'ONU.
Des violences «extrêmement cruelles» et «des viols collectifs brutaux». Voici ce qu'a décrit ce lundi 12 mars 2018, la mission d'établissement des faits de l'ONU à Genève.
Outre les images satellites, «nous avons des centaines de témoins» de la volonté des autorités d'«éliminer toute trace restante» des Rohingyas dans certains villages et des crimes perpétrés, a dit devant le Conseil des droits de l'homme le président de la Mission, Marzuki Darusman. Le même jour, Amnesty International (AI) a accusé dans un rapport la Birmanie de construire des sites militaires à l'emplacement de villages de musulmans rohingyas incendiés.
Après le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein et d'autres responsables de l'ONU, les enquêteurs indépendants concluent eux à de «très probables crimes internationaux». Les indications dévoilées par la Mission ciblent «des violations des droits de l'homme du type le plus grave». Tout déni de cette situation est «intenable», estime Marzuki Darusman.
Il a dénoncé une violence «répandue» et «systématique» menée par les autorités. Des actes qui laissent entendre une «planification» et une «organisation» que la Mission va examiner en détail. De son côté, le représentant birman devant le Conseil a dénoncé la partialité des enquêteurs et estimé «déraisonnable» d'affirmer que son gouvernement est indifférent aux droits de l'homme.
Appel suisse à la Birmanie
La Mission n'a pas eu accès à la Birmanie mais elle a mené plus de 600 entretiens de victimes et de témoins dans différents pays. La situation récente à Rakhine, qui a provoqué le départ de centaines de milliers de Rohingyas au Bangladesh, mais aussi dans les Etats de Kachin et de Shan fait suite à des violations «systémiques» depuis longtemps des droits de l'homme en Birmanie, selon elle.
Lers trois enquêteurs rendront leur rapport en septembre prochain. Ils soulignent déjà des données crédibles sur de nombreuses victimes liées aux «graves» abus des forces de sécurité. Notamment des personnes brûlées vives. Ou des bébés tués, ajoute Marzuki Darusman. Il cible aussi des attaques indiscriminées, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires ou encore de la torture.
De son côté, la Suisse a déploré le manque de collaboration avec la rapporteuse spéciale de l'ONU Yanghee Lee. Elle a appelé les autorités à lui garantir un accès de même qu'à la Mission. Et à un accès humanitaire à la zone.
L'ONU accuse Facebook d'avoir alimenté la crise des Rohingyas
Facebook a joué un rôle important dans la propagation de discours de haine en Birmanie, selon des experts des droits de l'homme des Nations unies qui enquêtent sur un possible génocide contre les Rohingyas dans ce pays. Le réseau social n'a pour l'heure pas commenté.