Ski alpinRois de la vitesse, les Helvètes doivent confirmer leur statut
Les épreuves de Val d’Isère (super-G samedi et descente dimanche à 10h30) marquent le retour de la vitesse. Et des ambitions suisses après la conquête des deux globes la saison passée.
- par
- Sylvain Bolt, Val d'Isère

Les Suisses ont été les plus rapides sur l’ensemble de la saison passée. Beat Feuz (descente) et Mauro Caviezel (super-G) vont défendre leur globe de cristal dès ce week-end à Val d’Isère.
Beat Feuz, puissance quatre?
Depuis plusieurs saisons, Beat Feuz est le roi incontesté de la vitesse. Sa régularité la saison passée (7 podiums dont deux victoires à Beaver Creek et chez lui Wengen) a été récompensé par un troisième globe consécutif en descente. À Val d’Isère ce week-end, le Bernois va s’élancer dimanche en descente (elle a été échangée avec le super-G qui se disputera samedi en raison des chutes de neige annoncées vendredi) avec le dossard rouge qui ne l’a jamais vraiment quitté ces dernières années. «C’est pour disputer des courses et vivre ces émotions que je continue à m’entraîner», a avoué le Bernois, dont le sourire se devinait même derrière son masque après le premier entraînement qu’il a terminé à la vingtième place.
Peu importe, c’est le jour de la compétition que Beat Feuz se sublime. La tournée US ayant été rayée du calendrier, il a fallu se contenter d’entraînements sur les glaciers en novembre. Alors forcément, «Kugelblitz» n’a pas caché son plaisir cette fin de semaine de retrouver les sensations de glisse sur une piste plus longue (un peu plus de deux minutes) et surtout en format Coupe du monde. «Je me sens prêt, autant physiquement que mentalement», a rassuré le Bernois, après une longue période (neuf mois) sans compétition. Le Suisse a appris à préserver son genou en dosant les efforts lors des entraînements. Il aura pour principaux rivaux Dominik Paris, mais aussi les Autrichiens Vincent Kriechmayr et Matthias Mayer ainsi que le trouble fête norvégien Kjetil Jansrud. Seul Franz Klammer (1975-1978) a gagné le classement de la discipline reine quatre années de suite.
Mauro Caviezel, le travailleur de l’ombre
Le Grison est au super-G ce que Beat Feuz est à la descente. Ou presque. Trois podiums en super-G la saison passée, mais surtout six top 5 en six courses lui ont permis de soulever le globe de la spécialité pour trois points, après avoir terminé troisième en 2019. Le frère de Gino est un véritable métronome dans une discipline où plusieurs skieurs peuvent s’imposer.
Mais Mauro Caviezel est aussi capable de monter sur la boîte en descente, comme il l’a prouvé l’hiver passé à Saalbach, ce qui décharge un peu le Bernois des responsabilités dans la discipline reine. La grosse interrogation concernant Caviezel repose sur son talon d’Achille, qu’il s’est déchiré en juin passé lors d’un entraînement physique. Le pronostic annonçait un arrêt de six mois jusqu’au retour sur la neige, ce qui correspondait à mi-décembre.
Mauro Caviezel est revenu sur les skis mi-octobre déjà. «Je dois retrouver le tempo et mes sensations, a-t-il déclaré après l’entraînement à Val d’Isère. Je dois aussi mettre des chaussures différentes de la saison passée en raison de ma blessure.» Le Grison n’a pas eu beaucoup de temps de préparation et il faudra voir comment son talon réagit sur des pistes verglacées.
Carlo Janka, dos au mur
C’est sur les pentes de Val d’Isère que le phénomène Carlo Janka avait explosé. C’était lors des Mondiaux 2009, où le Grison avait décroché le bronze en descente et l’or en géant. Avant de glaner le globe du général la saison suivante. Mais Carlo Janka, encore capable de monter sur le podium (deux troisièmes places en descente la saison passée), semble bien loin de sa période dorée.
Miné par ses soucis de dos, il a dû abandonner le géant il y a quelques saisons déjà, trouvant son successeur dans la discipline de base du ski alpin avec Marco Odermatt. À Val d’Isère, Janka n’a pas vraiment manifesté d’enthousiasme au sortir de sa manche d’entraînement, confiant qu’il skiait avec des antidouleurs. «J’aimerais quand même tenter ma chance et voir ce qu’il est possible de faire avec ce dos», a-t-il ajouté, fataliste. Ses maux ont fortement perturbé sa préparation et, s'ils persistent, pourraient bien mettre un terme à la carrière du skieur de 34 ans.
Marco Odermatt va-t-il déjà passer la vitesse supérieure?
Le phénomène du ski helvétique vient tout juste de devenir le premier suisse à remporter un géant depuis Carlo Janka en 2011. En super-G, le Nidwaldien est le seul vainqueur (surprise) la saison passée à Beaver Creek. Ses adversaires et coéquipiers sont unanimes: il peut exploser cette saison déjà en vitesse.
Le prodige de 23 ans, en tête ex-aequo du général de la Coupe du monde avec un certain Alexis Pinturault, va surtout emmagasiner de l’expérience cette saison, des courses nécessaires pour être constant aux avant-poste en descente. Il l’assure: «la priorité est d’être performant en géant, j’aimerais pouvoir défendre mon dossard rouge de leader de la discipline.»
«Odi» n’est entré dans les points en descente qu’à quatre reprises. Mais libéré d’une certaine attente avec sa première victoire dans sa discipline, le quintuple champion du monde 2018 pourrait bien réaliser un ou deux gros coups cet hiver.