VoileRoute du Rhum 2014 - Marc Guillemot, premier pour sa dernière? (PORTRAIT)
La Trinité-sur-Mer (France), 21 oct 2014 (AFP) - Le 2 novembre, Marc Guillemot prendra le départ de sa cinquième Route du Rhum consécutive.
Après avoir terminé 7e, 4e, 3e et 2e, il vise la victoire, pour sa dernière participation sur le monocoque Safran. A 55 ans, l'aîné des neuf skippers qui participeront à la plus renommée des transats en solitaire en monocoque Imoca (18,28 m) cèdera après cette course la barre d'un nouveau Safran, qui sera mis à l'eau l'an prochain, à Morgan Lagravière, 27 ans. "Cette course représente plein de choses pour moi, parce que c'est ma cinquième participation et que j'ai plutôt fait des bons résultats", confie-t-il à l'AFP. Dès la première édition, en 1978, Marc, 19 ans, avait aidé à préparer le multicoque d'Yves le Cornec, qui est resté jusqu'à cette édition le plus jeune participant (19 ans également). En 1998, vingt ans plus tard, Guillemot s'aligne pour la première fois au départ de la Route du Rhum, sur le trimaran La Trinitaine. Alors que la Transat (en double) Jacques Vabre se refusait à lui avec obstination -abandons en 1995, 1997, 1999, 2001- il arrive 4e en moins de 13 jours, pour sa première transat en solo. Il collectionne ensuite les places d'honneur, comme dans la Québec-Saint-Malo (2e). En 2002, la Route du Rhum est marquée par 15 abandons sur 18 participants en classe Orma (trimarans de 18,28 m) et il termine 2e, à 12h du vainqueur Michel Desjoyaux. Quatre ans plus tard, il étrenne le premier Safran, tout juste sorti de chantier, et finit 7e. C'était "un bateau très novateur lorsqu'il est sorti", se souvient le skipper, un brin nostalgique. C'est avec ce bateau, un plan VPLP-Verdier, qu'il connaîtra le succès et brisera le signe indien sur la "Jacques Vabre", remportée en 2009 avec Charles Caudrelier. En 2010, il se hisse encore sur le podium (3e) du "Rhum". "J'ai fait deux et trois. Il ne manque qu'une place, la première", résume-t-il. Mais la catégorie Imoca promet d'être très disputée, avec neuf bateaux au départ, assez proches en performances. Il y aura "une concurrence acharnée. Mais c'est ce qui fait le piquant et les saveurs d'une belle course", se réjouit-il. "Ce qui va faire la différence c'est l'analyse de chaque routage. Savoir s'il faut virer cinq minutes plus tard ou cinq minutes plus tôt", explique-t-il. Autre point crucial: "la façon de gérer sa personne, le sommeil. Sur les Imoca, on peut vite se mettre dans le rouge". La bagarre, Marc Guillemot adore ça. Lui, aux manières si douces et à la voix posée sur la terre ferme, se transforme en guerrier, l'oeil aux aguets et les gestes déterminés sur son bateau, à qui il offre une traversée d'adieu, avant sa mise en vente. "J'imagine qu'il sera en de bonnes mains pour le prochain Vendée Globe. Ce ne sera pas le meilleur bateau mais ce sera un très bon bateau, affirme-t-il. Il n'a abandonné que deux courses sur toutes celles qu'on a faites depuis 2006. C'est vrai que c'était une belle histoire". Quant à son avenir personnel, il se dessine un peu en pointillé. "Quand on fait des courses, ce n'est pas pour prouver quoi que ce soit, c'est parce qu'on vit des moments forts. La vie d'un navigateur en course est quand même assez extraordinaire. Ce n'est pas toujours simple, il faut se battre, il faut gérer pas mal de choses, mais c'est quand même assez excitant", raconte-t-il. "Cette passion qui m'a guidé depuis tant d'années, c'est quelque chose que j'ai envie de continuer à vivre ou, pourquoi pas, de transmettre. Mais ce qui est certain, c'est que je veux rester dans la course. Si possible sur l'eau, si ce n'est pas sur l'eau, en tout cas très proche des bateaux", conclut-il. hap/heg/gv