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2018Russie - Zenit: Hulk, attaquant en pointe contre le racisme (MAGAZINE)

Par Alexandre FEDORETS

Moscou, 19 oct 2015 (AFP) - Hulk, c'est un nom de super-héros, un physique qui va avec, mais surtout un attaquant qui n'hésite jamais à tacler le racisme, gangrène d'un championnat russe où le Brésilien est star avec le Zenit Saint-Pétersbourg, adversaire de Lyon cette semaine en Ligue des champions.

L'histoire entre l'ancien joueur de Porto et le pays hôte du Mondial-2018 a très mal commencé. Son transfert record de 60 millions d'euros en septembre 2012 avait fait tiquer certains fans russes. Et Hulk de devenir rapidement la cible d'insultes racistes.

"Je pense que ces gens, ces fans n'en ont rien à faire de la culture. Moi, je respecte les footballeurs de toutes les couleurs de peau et de toutes orientations sexuelles", avait-il déclaré dans une interview à l'agence de presse R-Sport à peine six mois après son arrivée. "Ces fans qui insultent les gens d'autres couleurs et les homosexuels ne réfléchissent même pas".

Deux ans plus tard, une section de supporters du Spartak Moscou avait à nouveau lancé des cris de singes en direction du Brésilien de 29 ans. Le club moscovite avait dû jouer un match à huis clos en octobre 2014.

Puis Hulk a à nouveau fait parler de lui deux mois plus tard en accusant cette fois un arbitre, Alexei Matyunin, de lui avoir lancé des insultes xénophobes pendant un match du championnat russe. Le directeur de jeu avait nié les faits et l'enquête officielle n'avait rien donné, ne trouvant pas de preuve pour appuyer l'accusation de l'attaquant également passé au Japon.

Un représentant de la fédération russe de football, souvent accusée de minimiser l'importance du racisme par le passé, avait quant à lui déclaré que l'enregistrement vidéo laissait plutôt penser que Hulk avait provoqué l'arbitre...

Son combat contre le racisme dans les stades russes a conduit Hulk à exprimer des inquiétudes pour le Mondial que le pays va accueillir en 2018.

"Ca peut arriver partout, dans la vie normale aussi, c'est toujours très triste, c'est une honte, cela ne devrait pas arriver", avait déclaré Hulk après le premier match de championnat et le premier dérapage fin juillet. Le milieu de terrain Emmanuel Frimpong (FC Oufa) avait été exclu alors que le Ghanéen avait réagi à des insultes racistes. "Si cela arrive pendant le Mondial-2018, ce sera vraiment scandaleux et moche et le monde entier regardera" a prévenu Givanildo Vieira de Souza, de son nom complet.

Hulk avait ajouté qu'il apprenait à vivre avec ces débordements et à ne pas les laisser impacter ses matches. "Par le passé, j'étais souvent outré et ces débordements racistes me mettaient dans une colère folle. Ici, personne ne prête attention à ce problème, ni les arbitres ni les représentants de la fédération. Maintenant j'essaye de ne pas m'énerver. j'envoie juste des baisers à ceux qui essayent de me blesser."

Juste après cette sortie médiatique devant des agences de presse internationales, Hulk avait été remplacé à la veille du tirage au sort du Mondial-2018 à Saint-Pétersbourg, auquel il devait participer en tant qu'assesseur.

Le directeur du comité d'organisation local (COL) du Mondial-2018, Alexeï Sorokine, avait démenti que le retrait d'Hulk de la cérémonie soit lié à ses propos virulents contre le racisme et à d'éventuels remous qu'ils auraient pu susciter dans les milieux du foot russe. Mais le timing avait surpris.

Quoi qu'il arrive Hulk, lui, reste imperméable. Il a prouvé qu'il pouvait mener plusieurs fronts. Ses prises de positions ne l'ont pas empêché de terminer meilleur buteur du championnat russe la saison passée. Et d'être rappelé par Dunga avec la Seleçao dès septembre, pour la première fois depuis le Mondial-2014, un fiasco sur les plans personnel et collectif.

af-lb/pgr/dhe

(AFP)

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