ColombieSantos estime la paix «très, très proche»
Juan Manuel Santos a dit recevoir le prix Nobel de la paix «au nom (...) du peuple colombien qui a tant souffert de cette guerre».
Le président colombien, Juan Manuel Santos a estimé que le Nobel de la paix qui lui a été attribué vendredi serait «un grand encouragement» pour parvenir à la paix dans son pays malgré le rejet par la population de l'accord conclu avec les Farc. «Cela va être un grand encouragement pour y arriver et pour commencer à construire la paix en Colombie», a déclaré M. Santos dans un entretien publié sur la page Facebook du prix Nobel.
«Il faut persévérer», a-t-il ajouté alors que le peuple colombien a rejeté l'accord d'extrême justesse dimanche par référendum, réclamant notamment que les guérilleros démobilisés ne puissent participer à la vie politique et qu'ils aillent en prison au lieu de bénéficier de peines alternatives.
Il a dédié ce prix «à tous les Colombiens, et en particulier aux millions de victimes» du conflit armé qui déchire son pays depuis plus d'un demi-siècle. «Je remercie infiniment et de tout coeur pour cette honorable distinction. Je la reçois non en mon nom, mais au nom de tous les Colombiens, en particulier celui des millions de victimes qu'a faites ce conflit dont nous avons souffert depuis plus de 50 ans», a déclaré M. Santos depuis le palais présidentiel Casa de Nariño à Bogota.
«Nous sommes très, très proches de parvenir à la paix», a également déclaré M. Santos, cité sur le compte Twitter officiel de la Fondation Nobel.
Réaction des Farc
Tenu à l'écart du prix Nobel de la paix, le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Rodrigo Londoño, a réagi en indiquant sur Twitter que «le seul prix auquel nous aspirons, c'est la paix et la justice sociale pour la Colombie». Le prix a été attribué vendredi au seul président colombien Juan Manuel Santos.
Connu sous son nom de guerre de «Timochenko», Londoño a signé le 26 septembre dernier avec le président Santos un accord de paix censé mettre fin à 52 ans de conflit armé. Mais le texte soumis à référendum a été rejeté dimanche à une courte majorité.
Dans son tweet, il réaffirme sa volonté de parvenir à une Colombie «sans paramilitarisme, sans représailles ni mensonges».
Betancourt s'exprime
L'ancienne otage des Farc en Colombie Ingrid Betancourt «croit» que le mouvement de guerilla aurait dû partager le prix Nobel de la Paix décerné au président Juan Manuel Santos, a-t-elle déclaré vendredi à la chaîne française I-Télé dans un entretien téléphonique. «Les gens qui vous ont enlevée méritaient-ils aussi le Nobel de la Paix», lui a demandé le journaliste. «Ecoutez...Oui. C'est très dur pour moi de dire oui, mais je crois que oui», a répondu très émue Ingrid Betancourt, qui a été séquestrée par les Farc de 2002 à 2008.
«Je suis très très très heureuse» de l'attribution du prix à Juan Manuel Santos, a poursuivi Ingrid Betancourt. «Je crois que c'est non seulement mérité, mais c'est aussi un moment de réflexion pour la Colombie, d'espoir de paix, de joie de se dire effectivement que la paix n'a pas de retour en arrière», a-t-elle ajouté.
Juan Manuel Santos «mérite» le prix. «Il a lutté tout seul pratiquement pour obtenir ce résultat, il change l'histoire du pays, il donne a la nouvelle génération colombienne la possibilité de connaître un pays différent. C'est un immense moment pour la Colombie», a encore déclaré Ingrid Betancourt.
Le processus est «allé trop loin pour reculer maintenant»
Le processus de paix avec les Farc en Colombie est «allé trop loin pour reculer maintenant», a relevé vendredi le secrétaire général des Nations unies, soulignant que l'attribution du Nobel de la paix au président Juan Manuel Santos apportait «espoir et encouragement» aux Colombiens.
Cette attribution, qui intervient «à un moment crucial (...), apporte espoir et encouragement nécessaires à la population colombienne», a indiqué Ban Ki-moon dans un communiqué.
Même si les Colombiens ont rejeté par référendum l'accord conclu entre les autorités et la guérilla des Farc, le processus «est allé trop loin pour reculer maintenant», a-t-il ajouté.