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FranceSarkozy veut-il et peut-il revenir?

Lancinante, la question resurgit avec la réunion à Nice ce week-end de ses amis. Beaucoup pensent qu'il le voudra, mais que son retour serait compliqué.

Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy.

Publié dans la torpeur du 7 août, trois mois pile après sa défaite à la présidentielle face à François Hollande, un communiqué de l'ancien chef de l'Etat sur la Syrie avait été un coup de gong.

Notamment pour ceux qui se souvenaient qu'en janvier, il assurait qu'il arrêterait la politique en cas d'échec. «Vous n'entendrez plus parler de moi», «je changerai complètement de vie». Des paroles «off» devant une vingtaine de journalistes qui l'avaient suivi en Guyane.

Pour certains de ses proches - qui commentent sous couvert d'anonymat - il ne fait aucun doute que le désir de revenir en pleine lumière est dans le paysage mental de Nicolas Sarkozy. «Il a le virus de la politique depuis l'âge de 17 ans», observe l'un. «D'ailleurs il part de l'Elysée à l'âge où Hollande y entre. Ca laisse du champ».

Fausse sortie?

«Il ne sait faire que ça !», renchérit un autre. «La politique, c'est sa vie, son truc, et en plus il y est très bon». Dès le 10 mai, Roselyne Bachelot, qui fut sa ministre, tranchait: «Nicolas Sarkozy, arrêter la politique ? Même pas en rêve !».

Voilà pour la volonté. Reste la possibilité d'un retour. «Il ne s'est pas fermé la route, ayant plutôt réussi sa sortie», relève le politologue Emmanuel Rivière, de l'institut de sondages TNS-Sofres. D'abord, parce que «sa campagne lui a permis de redorer son image. Ensuite, parce que sa défaite a été honorable. Enfin, parce que son apparition télévisée au soir du 6 mai a été une réussite».

Nicolas Sarkozy avait prononcé un discours pesé. Certes il assurait qu'»une autre époque s'ouvre», «je m'apprête à redevenir un Français parmi les Français». Mais sans aller jusqu'à l'engagement de Lionel Jospin au soir du 21 avril 2002: «J'en tire les conséquences en me retirant de la vie politique». Formule qui a lesté l'ex-Premier ministre quand il avait fait un tour de piste pour les primaires socialistes en 2006.

Des sources proches de l'ancien président racontent: le 6 mai en fin d'après-midi, il se sait battu et prépare son discours. Il le lit à son entourage. Son ministre Alain Juppé, mais aussi son conseiller Patrick Buisson lui conseillent avec force d'enlever le mot «jamais». Frappé par l'accord des deux hommes d'ordinaire opposés, Nicolas Sarkozy obtempère.

Soutien pas anodin

Fin juin, sa «cote d'avenir» était mesurée à 28% par la Sofres. Tout sauf une sanction, puisque seuls une dizaine de responsables politiques passent les 30%. Un sondage Ifop a montré que 53% des sympathisants du parti de droite UMP placent en lui leurs espoirs élyséens.

Samedi, deux proches de Nicolas Sarkozy, les anciens ministres Brice Hortefeux et Christian Estrosi, veulent rassembler à Nice 2000 à 3000 personnes qui vont notamment assister à la projection d'un film sur l'ancien président organisée par l'Association des amis de Nicolas Sarkozy.

Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Lemaire, Xavier Bertrand... Déclarés ou non, tous les prétendants à la présidence de l'UMP seront au rendez-vous. Tous sauf un, l'ancien Premier ministre François Fillon, qui a la jambe dans le plâtre depuis son accident de scooter à Capri fin juillet, et qui a perdu sa mère durant sa convalescence.

Envie de revanche

Le 13 août, le politologue Thomas Guénolé égrenait dans le quotidien Le Monde huit conditions pour une nouvelle candidature sarkozyste: marasme économique persistant en 2016, calendrier judiciaire éclairci, un président de l'UMP ne prenant pas tout l'espace.

De ce point de vue, l'hypothèse Copé - plus jeune, encore premier ministrable - à la tête du parti serait plus favorable à Nicolas Sarkozy que celle de Fillon.

Reste enfin le désir. «On imagine difficilement que l'envie de revanche ne le tenaille pas», concluait ce chercheur.

(ats)

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