AffaireScandale à l'Université: la rectrice est sous pression
A force de temporiser et de prétendre faire tout juste, la rectrice de l'Université de Neuchâtel, Martine Rahier, est en train de se tirer une balle dans le pied.
- par
- Ludovic Rocchi

Martine Rahier se retrouve sur la sellette.
Rattrapée par les révélations du «Matin» sur de graves dysfonctionnements au sein de la Faculté des sciences économiques, la rectrice s'est longuement justifiée en début de semaine dans la presse régionale. Elle insiste pour dire qu'elle n'a rien laissé pourrir et qu'elle n'a pas attendu les médias pour empoigner le problème.
Contradictions
Ces affirmations sont pourtant contredites par des témoignages et des documents internes prouvant que le rectorat a été alerté depuis des mois qu'une crise couvait en Sciences économiques. Et, surtout, la rectrice est normalement tenue au silence, puisqu'une enquête interne a été lancée et qu'elle devra également déterminer les responsabilités au niveau du rectorat.
Critiquée au Parlement
Déjà confrontée à un audit il y a un an et demi, Martine Rahier se retrouve sur la sellette. «Nous avons un problème avec cette rectrice», confie ainsi un membre influent de la Commission de gestion et des finances du Parlement. Hier matin, des critiques ont même été émises à la tribune, notamment sur la manière de la rectrice de «se dédouaner par avance» et sur «la faiblesse de sa gouvernance». Les piques sont venues de la gauche, alors que la droite a critiqué les adeptes du «sensationnalisme».
Une répartition des rôles assez attendue, sachant que le ministre de l'Education, Philippe Gnaegi, est libéral-radical. Ce dernier s'est contenté de réaffirmer sa «confiance» dans les organes dirigeants de l'Université «pour rapidement vérifier les allégations parues dans la presse».
Et la rectrice, que dit-elle des critiques qu'elle suscite jusque devant le Parlement? «Pas de commentaire jusqu'à la fin de l'enquête», a répondu Martine Rahier au «Matin». Une précaution visiblement un peu tardive. Quant à l'enquête, elle a démarré ces jours et devrait durer un mois. Il s'agira surtout d'établir jusqu'où un des cadres de la Faculté des sciences économiques et son entourage ont dérapé dans la gestion du personnel, de la délivrance de masters et d'activités commerciales annexes à leur emploi à l'Université.