Nouvelle-ZélandeScènes de liesse matinale des «zombies All Blacks»
Le coup d'envoi à 5 heures n'a pas empêché les Néo-Zélandais de noyer le bacon et les œufs frits dans les pintes de bière.
Des «zombies All Blacks» ont célébré dimanche à l'aube dans les rues de Wellington le triomphe de la Nouvelle-Zélande en Coupe du monde de rugby, à l'issue d'une finale matinale aux accents de Halloween. Malgré un coup d'envoi à 5 heures locales, des milliers de supporters se sont massés dans les pubs de Courtenay Place, haut lieu de la vie nocturne de Wellington, pour assister à la victoire sur l'Australie (34-17).
Au coup de sifflet final, des voitures ont paradé dans les rues de ce pays où le rugby est roi en klaxonnant et en arborant l'étendard noir des Blacks. «Nous sommes des zombies All-Blacks», s'amusait Callum Cookson, le visage barbouillé aux couleurs de Halloween. «Ce n'est pas du maquillage! C'est notre vraie tête!» «C'était dur de rester éveillé. On a lutté toute la nuit mais ça valait complètement le coup, on est les champions!»
Rhythm Hartman luttait, lui, pour expliquer ce qu'un second titre consécutif signifiait pour une nation si folle de son rugby qu'elle pourrait décider lors d'un prochain référendum d'accrocher la fameuse fougère des All-Blacks sur son drapeau, à la place de l'actuelle bannière inspirée de l'Union Jack britannique. «Cela fait partie de notre culture, ce n'est pas juste un sport, c'est plus que ça, comment l'expliquer?», demandait-il, en se requinquant avec un kebab.
Immense fierté
La fête n'avait rien à envier au Nouvel An, selon Shamoon Shamoon, directeur du Grand Hôtel. «Nous étions complets en un quart d'heure et avons dû fermer les portes», a-t-il déclaré. L'ambiance «était magnifique.» En raison du décalage horaire, le gouvernement avait pris un décret autorisant les pubs à ouvrir pendant les matches de la Coupe du monde.
«Quatre millions de Néo-Zélandais auraient mis leur réveil pour voir la finale», a relevé le Premier ministre John Key, dans un message de félicitations à son équipe. Pour Emma Cossar, sortie de chez elle malgré une cheville fracturée, gagner contre l'Australie a rendu la victoire encore plus savoureuse. «A l'étranger, la plupart des gens voient la Nouvelle-Zélande comme un bout de l'Australie», croit-elle. «Alors c'est plutôt cool de pouvoir dire qu'on a botté les fesses de toutes les autres équipes de rugby au monde.»
Spécialiste du rugby au «New Zealand Herald», Gregor Paul estime quant à lui que cette victoire vient asseoir le statut de la Nouvelle-Zélande dans l'histoire du sport. «Qui peut nier que l'équipe de Richie McCaw est la meilleure de l'histoire», écrit-il.
Bronca collective
En Australie, la déception de la défaite était tempérée par l'admiration envers les vainqueurs, contre lesquels il n'y avait sans doute pas grand chose à faire de plus. «Félicitations aux @AllBlacks, des champions du monde très méritants. Une belle campagne jusqu'en finale et un passionnant combat des @wallabies», a tweeté le Premier ministre Malcolm Turnbull.
Pour la star du golf australien, Greg Norman, les Blacks étaient tout simplement au-dessus: «Les @Allblacks étaient trop bons. Félicitations pour la finale #WCR2015. Gardez la tête haute, les @Wallabies. L'Australie est fière de chacun d'entre vous.» «La Nouvelle-Zélande est une équipe de grande classe et je suis fier de ce qu'ont fait les Wallabies», confiait Simon Ansell après avoir regardé la finale dans un bar de Sydney. «Nous serons de retour dans quatre ans.»
Bacon et œufs frits noyés
A Wellington, l'ambiance a été tendue pendant les 80 minutes d'une finale que les Australiens n'ont pas abandonnée. C'est dans un silence absolu que les clients du D4, un pub irlandais, ont regardé le haka avant une bronca collective à l'issue de cette emblématique cérémonie d'avant-match.
Chaque plaquage des All-Blacks était salué par des noctambules noyant le bacon et les œufs frits de leur petit-déjeuner dans les pintes de bière. A la mi-temps (16-3), un optimiste a même tenté le diable en lançant: «C'est dans la poche». L'ambiance était cependant beaucoup plus crispée après la pause quelques rues plus loin, au Four Kings, du fait de la remontée australienne.
Mais le drop de Dan Carter (24-17) et l'essai de Beauden Barrett (32-17) ont définitivement libéré les pubs néo-zélandais, où résonnaient au coup de sifflet final l'hymne de Queen, «We are the champions».