Initiative UDCSchneider-Ammann se refuse à parler de «catastrophe»
Après le oui à l'initiative limitant l'immigration, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann se refuse à parler de catastrophe pour l'économie suisse.

Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann (archives)
L'acceptation suisse de l'initiative de l'UDC sur l'immigration de masse est certes un défi de taille pour l'économie suisse, a reconnu le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann. Il refuse toutefois de parler de catastrophe.
Comme ses collègues du gouvernement, il n'a pas de recette pour pallier d'éventuelles conséquences négatives. «A Bruxelles, nous nous assoirons à la table de négociations et verrons comment réaliser le mandat que nous a donné le peuple suisse», a expliqué. Johann Schneider-Ammann
Selon lui, l'objectif est toutefois clair: un taux de chômage bas, une économie compétitive et le moins possible de conséquences négatives pour le commerce. Il n'entend toutefois pas spéculer plus loin: «Nous verrons de quelle manière le faire».
Dossiers recherche
La votation concerne indirectement aussi la formation et la recherche, également sous la responsabilité du ministre. Actuellement, la Suisse négocie avec l'UE une participation au nouveau programme de recherche européen «Horizon 2020», d'un budget de 80 milliards d'euros (98 milliards de francs). La Suisse est associée à ces programmes depuis 2004 dans le cadre de l'accord sur la recherche.
«Erasmus », qui favorise l'échange d'étudiants, apprentis, écoliers et enseignants, fait également partie des programmes étant sous la houlette du département de Johann Schneider-Ammann. «Jusqu'à vendredi, nous avons négocié de manière tout à fait normale dans ces deux dossiers», a précisé le conseiller fédéral.
Ce dernier se montre optimiste pour la suite: les discussions continueront d'être menées même après la votation de dimanche et l'objectif de la Suisse reste de faire partie intégrante de ces programmes.
Représentativité des secteurs à Berne
Si les contingents sont réintroduits, chaque branche économique dépendra fortement de sa représentation au Palais fédéral. Ce ne sont pas forcément les plus fortes économiquement qui seront avantagées, souligne Michael Siegenthaler, spécialiste du marché du travail à l'EPFZ.
Les secteurs qui génèrent une haute valeur ajoutée, comme l'industrie des machines, ne jouissent pas tous d'appuis politiques solides à Berne. D'autres en revanche, à l'image de l'agriculture, créent moins de richesse, mais bénéficient d'une forte assise au Parlement, ajoute l'expert du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich.
Celles qui auront le meilleur réseau recevront davantage de personnel via les contingents. Et ce même si elles contribuent moins que d'autres à la croissance économique.
Exportations menacées
Les branches exportatrices courent en outre le danger de voir leur compétitivité internationale s'affaiblir. D'une part, parce que les obstacles administratifs liés aux contingents entraîneront une hausse des frais de recrutement.
D'autre part, parce que trouver du personnel qualifié s'avérera plus compliqué et engendrera un manque qui fera augmenter les salaires. Par conséquent, les prix des produits exportés renchériront, et seront donc moins compétitifs, redoute Michael Siegenthaler.
IBM ou Google
Le domaine de l'informatique et des technologies de l'information peut aussi se faire du souci. «Demandez par exemple à IBM ou Google: ces sociétés ont déjà de la peine à recruter parmi les Européens et doivent se rabattre sur les Indiens, Chinois ou autres Américains. Le système des contingents leur compliquera encore la vie.»
Le risque que ces grandes firmes internationales quittent la Suisse existe, estime l'expert du KOF. Et les sociétés étrangères qui envisagent de «s'installer chez nous vont y repenser à deux fois: la Suisse est toujours attractive, mais moins qu'auparavant.»