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FootballSébastien Fournier: «Ce sont mes clubs de cœur»

L'entraîneur vivra un match spécial dimanche: il dirigera Servette face à Sion, club avec lequel il a commencé la saison. Interview du plus Genevois des Valaisans.

Renaud Tschoumy
Genève
par
Renaud Tschoumy
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Genève
Même si la situation du Servette FC est moins enviable que celle du FC Sion, Sébastien Fournier se sent bien dans le club de la Praille.

Même si la situation du Servette FC est moins enviable que celle du FC Sion, Sébastien Fournier se sent bien dans le club de la Praille.

Lionel Flusin

●Sébastien Fournier, vous vous apprêtez à diriger Servette contre Sion, que vous avez quitté il y a deux mois et demi. Ça fait bizarre?

Même si l'entraîneur doit se focaliser sur son équipe, c'est effectivement un peu particulier pour moi. Mais les derbies entre Servette et Sion sont de toute manière des matches à part.

●A quoi cela tient-il?

Quand je jouais à Sion, c'était un peu le pauvre contre le riche. Maintenant, les choses sont inversées! (Rires.) Cela dit, ces derbies ont une histoire. Servette a longtemps été une référence. Et puis, avec Trossero, on était venus gagner le premier titre de Sion à Genève (ndlr: en 1992). Du coup, Sion a pris une autre ampleur.

●Comment le montagnard de Clèbes que vous êtes peut-il s'adapter à une ville comme Genève?

Vous savez, j'ai passé quinze ans au FC Sion, des juniors à la première équipe pour finir par en devenir l'entraîneur pendant trois mois. Mais j'ai également été Servettien durant quinze ans. Je ne garde que de bons souvenirs de ces deux périodes, et, franchement, je me sens bien à Genève… même si j'aime évidemment revenir en Valais.

●Votre expérience à Sion s'est terminée de manière abrupte. En voulez-vous à Christian Constantin?

Non, parce que je ne suis pas quelqu'un de rancunier. Je zappe vite les choses, ce qui est un avantage dans ce milieu. Du coup, après la fin de mon aventure avec Sion, ma venue à Servette s'est faite tout naturellement. Et puis il ne faut pas oublier que Constantin a été le premier à me donner ma chance en Super League. Sans lui, je ne serais peut-être pas à Servette.

●Où habitez-vous en ce moment?

A Genève, mais j'ai gardé un pied-à-terre en Valais.

●Lors du premier tour, vous aviez battu Servette avec Sion. Etes-vous prêt à prendre une revanche sur vous-même?

Oui, parce que, dorénavant, je m'investis à 100% pour le Servette FC.

●Club avec lequel vous vous battez contre la relégation, alors que Sion est toujours engagé dans la lutte pour le titre. Franchement, cela ne vous fait pas mal?

Je constate que Sion est bien là, physiquement parlant. Quelque part, je me sens concerné. Je crois avoir effectué un bon travail et créé un bon état d'esprit à Sion. On a rempli quatre fois Tourbillon lors de nos matches à domicile, c'est la preuve que les gens croyaient à ce projet. Et c'est d'ailleurs ce que l'on me dit quand je rentre en Valais. Et puis mon expérience à Sion m'est profitable: elle me permet déjà de prendre les choses avec un peu plus de recul, ici à Genève. En ce moment, je me sens vraiment épanoui.

●Avez-vous gardé des contacts avec vos anciens joueurs de Sion, et notamment Gattuso?

Evidemment, et c'est ce qui fait la richesse du football. Gennaro et moi avons la même philosophie. On a très vite été sur la même longueur d'onde, et on a tissé des liens d'amitié très forts. On est restés en contact, et je n'ai pas été insensible au fait qu'il m'a rendu hommage dans une conférence de presse. En fait, j'en ai eu les frissons. Venant d'un tel joueur, le compliment m'a énormément touché. Je le lui ai d'ailleurs fait savoir en lui envoyant un SMS. J'ai lu que Margairaz et Sauthier avaient aussi fait référence à moi. Cela veut dire que je peux regarder en arrière avec fierté.

●Mais maintenant, c'est plutôt en avant que vous regardez, non?

Bien sûr que si. J'ai retrouvé un président (Hugh Quennec) qui a beaucoup de classe. Avec lui aussi, j'ai tout de suite senti qu'il se passait quelque chose. J'ai beaucoup d'estime pour lui. Et le feeling compte énormément pour moi. Même si les personnalités sont toutes différentes, je dois sentir dans mon équipe qu'on va tous dans le même sens. Il nous manque peut-être quelques points avec Servette, mais le club se construit. Les choses se mettent gentiment en place.

●Est-on le même entraîneur à Sion qu'à Servette?

Moi en tout cas, parce que je suis fidèle à mes principes. Je ne vais pas chambouler mon échelle des valeurs. Je ne peux me construire que sur mes forces et mes convictions.

●Sébastien Fournier, surnommé «Piquet», quel est le club de votre cœur?

Quand je suis en Valais, je dis que c'est Sion. Et à Genève, je dis que c'est Servette. J'ai donc deux clubs de cœur.

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