FORMULE 1Selon que vous soyez riche ou misérable écurie de F1...
Deux petites équipes ont disparu cette semaine, et deux autres risquent de les suivre. Car au royaume des millionnaires du sport automobile, la pitié n'a pas cours.
- par
- Luc Domenjoz
- Austin (EU)

Monisha Kaltenborn, patronne de Sauber: «D'autres écuries vont disparaître, notre sport ne sera plus le même, tous vont en souffrir.»
Au fil des 65 ans d'existence de la Formule 1, non moins de 135 écuries ont disparu, ne parvenant pas à survivre face aux coûts croissants de la Formule 1.
En 2014, les écuries dépensent des montants pharaoniques pour aligner deux monoplaces les dimanches après-midi. Les budgets des équipes s'étalent ainsi de 90 millions (pour les plus petites, comme celles qui viennent de disparaître, Caterham et Marussia) à 520 millions de francs par an pour les plus nanties (Mercedes). Une équipe comme Mercedes compte ainsi 1300 employés (780 pour le châssis et 520 pour le moteur) entièrement dévolus à concevoir et préparer les monoplaces de Lewis Hamilton et de Nico Rosberg.
Pour les petites écuries, la situation n'est désormais plus tenable. En guise de revenus, ces équipes disposent de leurs sponsors, mais aussi de la redistribution des droits commerciaux de la F1, que leur verse leur détenteur, Bernie Ecclestone, en fonction d'une clé secrète qui favorise les grandes écuries pour les remercier de leur contribution «historique».
L'an dernier, Ecclestone a ainsi versé 170 millions de francs à Ferrari, tandis que Red Bull recevait 150 millions pour son titre mondial, et que Sauber, à l'autre bout de l'échelle, devait se contenter de 30 millions. Et que Marussia ne touchait que 15 millions.
«Personne ne nous écoute»
La disparition brutale de deux écuries, cette semaine, a sonné le tocsin de la débâcle financière dans le paddock d'Austin. Chaque écurie s'est lancée dans un récital de justifications ou de plaintes selon qu'elle soit riche ou misérable. «Nous ne pouvons pas continuer comme ça», se lamentait Monisha Kaltenborn, la patronne de l'écurie Sauber – qui a d'ailleurs annoncé hier soir la signature d'un pilote payant pour 2015, Marcus Ericsson, qui arrive avec 18 millions d'euros.
«Nous essayons de faire comprendre aux grandes équipes que la F1 coûte trop cher et va tuer les petits, poursuit-elle, mais personne ne nous écoute. D'autres écuries vont disparaître, notre sport ne sera plus le même, tous vont en souffrir.»
Reflet de la société, la Formule 1 favorise les riches. Non seulement les grandes équipes bénéficient-elles d'une distribution des droits commerciaux favorable, mais elles peuvent aussi obtenir des montants nettement plus élevés de leurs sponsors puisque leurs voitures monopolisent les écrans lors des retransmissions télévisées.
Les grands ne veulent rien changer
Evidemment, les grandes équipes ne veulent rien changer à un modèle qui les avantage. «Il est utopique de comparer les buts de multinationales, comme Mercedes, qui utilisent la F1 pour soigner leur image et qui y investissent de gros moyens, avec ceux de petites équipes qui essaient, au contraire, d'en vivre», martèle Toto Wolff, le patron de l'équipe à l'étoile d'argent. Tout est dit.
Les quatre grandes écuries (Ferrari, Mercedes, Red Bull et McLaren) ne veulent rien changer et voir diminuer leur immense part du gâteau, même si les petites équipes disparaissent les unes après les autres et si les grilles de départ devaient se limiter à douze monoplaces. Après tout, dans les années 50, c'était le nombre de voitures au départ des Grands Prix...