PyongyangKim affirme qu’il n’y a pas de Covid en Corée du Nord
Lors du défilé militaire géant à Pyongyang, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a assuré samedi qu’il n’y avait pas de virus dans le pays. Il a par ailleurs rajouté que l’armée sera encore renforcée.

Le leader nord-coréen Kim Jong Un lors de la cérémonie du 75e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a assuré samedi, lors d’un défilé militaire géant organisé à Pyongyang, qu’il n’y avait «pas une seule personne» atteinte de coronavirus dans son pays alors que la pandémie a touché le monde entier.
Il a souhaité «une bonne santé à tous les gens à travers le monde qui combattent les maux» du Covid-19, dans un discours retransmis par la télévision d’Etat, alors que le président américain Donald Trump a récemment été hospitalisé.
Il a par ailleurs ajouté que la Corée du Nord, dotée de l’arme nucléaire, va continuer à renforcer son armée.

Des gens, dans une gare de Séoul, regardent un journal télévisé diffusant une séquence de fichier d’un défilé militaire montrant des soldats et des armes nord-coréen. (10 octobre 2020)
«Nous continuerons à renforcer notre armée, à des fins d’autodéfense et de dissuasion», a déclaré le leader nord-coréen dans un discours retransmis par la télévision d’Etat.
Le défilé militaire géant, selon Séoul, a fait étalage avec ostentation de ses dernières technologies de défense à l’occasion du 75e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs, malgré la menace sanitaire.
A cette occasion, des milliers de militaires défilent d’habitude au pas de l’oie sur la Place Kim Il Sung, qui doit son nom au fondateur du régime, sous les yeux de son petit-fils Kim Jong Un.
Les véhicules militaires se succèdent ensuite dans une longue progression jusqu’au clou du spectacle, les missiles, selon ce que Pyongyang voudra faire passer comme message.
Sous surveillance
«Des signes d’un défilé militaire – comprenant des équipements et des personnes sur une large échelle – ont été détectés sur la place Kim Il Sung tôt ce matin», a fait savoir l’état-major sud-coréen dans un communiqué.
Les services de renseignement sud-coréens et américains «surveillent attentivement l’événement», a-t-il ajouté.
L’événement intervient dans un contexte intérieur très lourd du fait de l’impact de la pandémie et d’une série de typhons qui ont durement touché ce pays en proie à des sanctions drastiques.
Soumis à une série de sanctions draconiennes de la communauté internationale, le pays n’a jamais confirmé un seul cas de coronavirus sur son sol, alors que la maladie apparue dans la Chine voisine s’est propagée aux quatre coins du monde.

La Corée du Nord a fêté le 75e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs avec un grand défilé militaire malgré le coronavirus.
Pyongyang a fermé en janvier ses frontières pour tenter d’empêcher la propagation du virus.
Le mois dernier, des militaires nord-coréens ont abattu un ressortissant sud-coréen qui se trouvait dans les eaux du Nord, vraisemblablement pour ne pas prendre le risque d’une épidémie s’il était porteur du coronavirus.
L’affaire a provoqué un tollé au Sud, et a été suivie de rarissimes excuses de M. Kim.
Pas de médias étrangersContrairement à de précédents défilés, aucun média étranger n’a été invité cette année. Nombre d’ambassades sont fermées du fait des restrictions liées au coronavirus, ce qui fait que le nombre d’observateurs étrangers est limité.
Masques et missiles
Les experts sont convaincus que la Corée du Nord a poursuivi ses programmes nucléaire et balistique, qu’elle justifie par la menace américaine, y compris pendant les négociations avec les Etats-Unis, dans une impasse depuis plus d’un an.
Certains experts estiment que Pyongyang pourrait exhiber un nouveau missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) ou un missile balistique intercontinental (ICBM) susceptible d’atteindre le territoire continental américain, voire même un missile doté de multiples corps de rentrée qui permettrait ainsi de tromper les systèmes de défense américain.
La télévision d’Etat KCTV n’a pas diffusé la parade en direct, et ne l’avait pas encore transmis en milieu d’après-midi en différé, comme cela lui arrive parfois.
Mais le gouvernement sud-coréen a décelé des signes selon lesquels M. Kim devait s’exprimer en direct lors du défilé, avait rapporté vendredi l’agence sud-coréenne sans dévoiler ses sources.
Fin décembre, le leader nord-coréen avait menacé de présenter une «nouvelle arme stratégique» mais certains experts pensent que Pyongyang n’a pas l’intention d’irriter la Maison Blanche avant la présidentielle américaine.
Présenter ces armes stratégiques lors d’un défilé serait «cohérent avec les promesses de Kim Jong Un», en étant moins provocateur qu’un essai militaire, a déclaré Rachel Lee, une experte des questions nord-coréennes qui travaillait auparavant pour le gouvernement américain.
Dans ce contexte, le message adressé par le régime lors du défilé devrait surtout être à destination de la population nord-coréenne, en mettant en avant «les réalisations du Parti, l’unité autour du leader, l’amélioration de l’économie avant le huitième Congrès du Parti», a-t-elle poursuivi en référence à une réunion prévue en janvier.
Reste que l’événement, qui implique des milliers de personnes, pourrait être très propice à la propagation du coronavirus, à moins que des «précautions extrêmes» ne soient prises, observe Harry Kazianis, du Center for National Interest, un centre de recherche.
Ce genre de mesure est cependant «très improbable», poursuit-il : «Masques et missiles ne font pas bon ménage».