BalkansSerbes et Kosovars font tomber le mur
Belgrade et Pristina sont arrivés à un accord pour détruire un mur, après d'intenses dialogues à Bruxelles.
Les Serbes du nord de Kosovska Mitrovica (nord du Kosovo) ont détruit dimanche un mur érigé sur leur rive de l'Ibar, la rivière qui divise la ville, comme demandé par Pristina.
Deux bulldozers et plusieurs ouvriers ont entamé dimanche à la mi-journée la destruction de ce mur, un travail qu'il ont achevé quelque trois heures plus tard, a constaté une correspondante de l'AFP.
La chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini a salué l'approche «constructive» de Belgrade et Pristina au cours des deux dernières séries de dialogue à Bruxelles ayant permis de résoudre cette question.
«Cela contribuera à faciliter la libre circulation et à terme à la réconciliation» entre Serbes et Albanais, a fait valoir Federica Mogherini dans un communiqué.
Le mur était censé, selon le maire serbe de Mitrovica nord Goran Rakic, protéger de la circulation une zone piétonne nouvellement créée à proximité du pont sur la rivière Ibar qui relie le nord, à majorité serbe, à la partie sud de la ville, quasi exclusivement peuplée d'Albanais.
Pristina voyait dans l'existence de ce mur long d'une centaine de mètres et haut de deux mètres une dimension politique aspirant à faire perdurer les divisons à Kosovska Mitrovica.
L'UE apaise les tensions
Sa destruction, premier signe de détente tangible après plusieurs semaines de vives tensions entre Belgrade et Pristina, est le résultat de pourparlers tenus entre les deux parties mercredi à Bruxelles sous l'égide de l'UE.
Le 14 janvier, un train de propagande frappé de l'inscription «le Kosovo c'est la Serbie», écrit en une vingtaine de langues, dont l'Albanais, parti de Belgrade à destination de Kosovska Mitrovica ne pouvait laisser Pristina sans réaction.
Le président kosovar Hashim Thaçi y a vu une «provocation délibérée» qui entrerait dans «un vieux scénario de sécession d'une partie du Kosovo», celle où vivent les quelque 100'000 Serbes de ce pays de 1,8 million d'habitants à plus de 90% albanais.
Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic l'a finalement arrêté avant la frontière. Auparavant, les Kosovars se sont indignés de l'arrestation en France le 4 janvier, à la demande de la Serbie qui veut le juger pour crimes de guerre, d'un homme qu'ils considèrent comme un héros. L'ex-haut responsable de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), Ramush Haradinaj, ne peut rentrer au pays, bloqué en France durant l'examen de la demande des Serbes, qui peut prendre des mois.
En 2011, trois ans après la proclamation d'indépendance de l'ex-province yougoslave non reconnue par Belgrade, Serbie et Kosovo avaient engagé un dialogue sur la normalisation de leurs relations qui a débouché en 2013 sur un accord historique, mais dont l'application traine.