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Interview indiscrèteShy'm: «Tuer des cœurs: mon défaut!»

La chanteuse qui monte est aussi jurée de «Danse avec les stars». Elle se livre, sincère, avant son concert genevois, le 7 décembre.

Didier Dana
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Didier Dana
Danseuse émérite, chanteuse à succès, Shy'm, 27 ans, a choisi son pseudo pour «shy» qui veut dire timide en anglais et «M», pour Martinique.

Danseuse émérite, chanteuse à succès, Shy'm, 27 ans, a choisi son pseudo pour «shy» qui veut dire timide en anglais et «M», pour Martinique.

Arthur Delloye/Warner Music

– Shy'm, qui êtes-vous?

Je suis une jeune femme de 26 ans qui a eu la chance, il y a 7 ans, de réaliser un rêve extra-ordi-nai-re: celui de vivre sa passion là où il y a beaucoup d'appelés pour peu d'élus.

– Votre tout premier souvenir?

Vers 5 ou 6 ans, je me tiens derrière les partitions de mon père. Il joue de la guitare et je suis les paroles de «Géraldine», un titre de Bill Deraime, que je chante avec lui. Papa est musicien, mais ça n'est pas son métier.

– Etiez-vous une enfant sage?

J'étais plus que sage! J'ai été consciente des choses assez vite et très responsable. Ce qui m'importait le plus, c'était que ma maman soit fière de moi. Il y a une relation particulière lorsqu'on est issu de famille monoparentale, une espèce de compassion envers sa mère et de compréhension aussi.

– Où avez-vous grandi?

Dans les Yvelines, en banlieue parisienne. Je suis née à Trappes, comme Jamel Debbouze et Omar Sy. J'ai connu Jamel, petite. Il est plus de la génération de ma sœur.

– Enfant, de quoi aviez-vous peur?

D'avoir un oreiller sur le visage lorsqu'on jouait. ( Rires.) J'étais un peu claustrophobe. Idem avec le pommeau de douche et l'eau. Ça me faisait paniquer.

– Dans l'enfance, quel fut votre plus grand choc?

A l'école, vers 15 ans, en découvrant les camps de concentration. On a du mal à se dire que ça existe à cet âge. Ensuite ce fut la série «Racines», le dimanche avec ma maman. J'ai alors compris l'horreur de l'esclavage. Ma mère ne m'en avait jamais parlé en ces termes.

– Votre mère vous disait-elle «je t'aime»?

Tout le temps, aujourd'hui encore, tous les jours.

– Comment avez-vous gagné votre premier argent?

En travaillant comme serveuse, chez Pizza Paï, vers 18 ans, pour me payer mes cours de danse. J'ai d'abord fait du street jazz puis de la danse contemporaine, du jazz et des claquettes.

– Que vouliez-vous devenir?

Danseuse. J'ai ensuite fait mes premières maquettes de chant, chez des amis.

– L'amour pour la première fois. C'était quand et avec qui?

A 18 ans. J'étais vachement timide. J'avais l'impression que ma mère serait déçue si je sortais trop vite avec des garçons. Mais je me suis bien rattrapée après!

– C'est quoi, pour vous, le vrai bonheur?

La sérénité. Faire ce que l'on aime nous aide à la trouver. D'être bien avec soi-même, avec son passé, avec ses pensées, son présent. Dans ce métier, on ne sait jamais où l'on va. C'est la condition de l'artiste, avec le danger et le risque. Comme dans un ascenseur, il y a des hauts et des bas. C'est ce qui est beau.

– La plus belle de vos qualités?

L'humilité. Je le dis… en toute humilité. Mon manque de confiance et ma timidité me préservent. Je sais qu'il y a mieux que moi. Parfois je perds confiance. Cela permet de ne pas se laisser enivrer.

– Votre plus grand regret?

Je n'en ai pas.

– Avez-vous déjà volé?

Même pas un bonbon!

– Avez-vous déjà tué?

J'ai peut-être tué des cœurs, mais jamais sciemment. C'est un gros défaut. Je suis beaucoup plus équilibrée dans mon travail…

– Si vous aviez le permis de tuer quelqu'un, qui serait-ce?

L'intolérance, genèse de toutes les atrocités. Je l'ai vécue l'an dernier, dans un parc, avec deux amies, dont une est Guadeloupéenne. Un monsieur lisait le journal et il a dit: «Marine Le Pen fera le nettoyage.» Ça m'a choquée, car je suis totalement étrangère à ce discours. Je me suis dit, ce gars doit être malade. Nous n'avons rien répondu, nous étions juste sidérées.

– Avez-vous déjà menti à la personne qui partage votre vie?

Oui. Qui ne le fait pas! Et pas qu'une fois. Après, il y a de petits et de gros mensonges.

– Avec qui aimeriez-vous passer une agréable soirée?

Avec le Génie d'Aladdin. Il réaliserait trois vœux. Monter sur son tapis volant, aller sous l'eau, pour nager avec les baleines et les dauphins. Et être un homme, pour une journée. Une seulement!

– Qui trouvez-vous sexy?

Johnny Depp et Scarlett Johansson.

– Pourquoi avez-vous pleuré la dernière fois?

Lors de l'enregistrement de l'émission de Frédéric Lopez, «La parenthèse inattendue», en évoquant ma grande sœur.

– Vous avez déclaré lui avoir «volé son rêve», parce que vous avez réussi dans la chanson et qu'elle chante aussi. C'est ça?

Oui. C'est un sujet intime et personnel. Mes paroles racontent un peu notre histoire. Ma sœur continue à chanter. Une passion, on ne l'arrête pas, même si on n'en fait pas son métier.

– De quoi souffrez-vous?

J'ai des boulets comme tout le monde, mais les miens ne m'empêchent pas d'avancer.

– Avez-vous frôlé la mort?

J'ai eu un gros accident de voiture sur l'autoroute, à 17 ans, avec mes parents. J'ai vu des images pas très drôles de ma mère, ensanglantée, sur le capot. J'ai été blessée au visage et j'ai dû porter une minerve. On se rendait à un mariage, assez tard, dans les Yvelines.

– Croyez-vous en Dieu?

Non. J'ai la foi, mais pas celle-là. J'ai foi en la vie, en moi.

– Quel est votre péché mignon?

J'aime de tout! Et il faut choisir. C'est ça le pire.

– Trois objets culturels que vous emmenez sur une île déserte?

Un gros livre que je n'aurais pas lu. Un film? «La couleur pourpre» et le premier album de Tracy Chapman dans lequel il y a «Talkin'Bout a Revolution» qui me rappelle beaucoup de souvenirs.

– Combien gagnez-vous?

Je ne peux pas répondre à ça. Je ne sais pas comment c'est en Suisse, mais en France, ça reste un sujet tabou.

– Pensez-vous gagner assez par rapport au travail fourni?

Je ne pense même pas au travail que je fournis, je n'ai pas l'impression de travailler.

– Qui sont vos vrais amis?

Les gens que j'ai connus au lycée et au collège. Je les ai gardés.

– Que souhaitez-vous à vos pires ennemis?

Je ne leur souhaite rien ( Rires.) J'ai une indifférence pour les gens qui ne m'aiment pas. On se la crée en exerçant ce métier. Nous sommes exposés à la critique, qu'elle soit positive ou négative.

– Ronflez-vous la nuit?

Non, je grince des dents. ( Rires.)

– Qui aimeriez-vous voir répondre à ce questionnaire?

Vous!

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